Ce 9 septembre est le jour où le pays commémore la fondation en 1948 de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), son nom officiel. Cet État communiste naissait alors de la partition de la péninsule par Washington et Moscou, trois ans auparavant, lors des derniers jours de la Seconde Guerre mondiale.
Ces grands événements scandent traditionnellement le calendrier politique de la Corée du Nord, avec une prédilection pour les chiffres ronds. Ils sont l'occasion d'exhiber le dernier matériel.
"Les anniversaires sont importants en RPDC, et celui-ci particulièrement", dit Evans Revere, du think tank Brookings Institution à Washington. "Ces célébrations sont aussi des occasions pour le dirigeant suprême de faire étalage de ses réussites et de la puissance nationale, et d'en tirer parti".
Ces festivités, sous l'oeil de Kim Jong Un, troisième homme de la dynastie au pouvoir, sont aussi un moment important pour les observateurs de ce pays fermé, qui scrutent ses dernières avancées.
D'abord, des bataillons défilent au pas de l'oie sur la place Kim Il Sung, ensuite le matériel militaire devient de plus en plus imposant, avec des chars qui s'avancent et des avions qui survolent. Et enfin le point culminant: les missiles intercontinentaux.
Mais ces derniers pourraient ne pas être de la partie cette fois-ci, estiment certains analystes. D'après eux, un défilé trop belliqueux risquerait de déstabiliser les efforts diplomatiques de Kim Jong Un, qui a rencontré le président américain Donald Trump à Singapour en juin, et qui retrouve le président sud-coréen Moon Jae-in à Pyongyang mi-septembre.
Gérard Depardieu présent
"S'ils montrent des missiles balistiques intercontinentaux, ce sera une énorme provocation et une gifle pour les États-Unis", avance Andrei Lankov, du Korea Risk Group.
Il ajoute que le régime pourrait aussi avoir envie de ménager la délégation chinoise invitée, en lui évitant d'avoir l'air de soutenir un effort d'armement sanctionné par la communauté internationale.
Pékin est le grand protecteur et partenaire commercial de la Corée du Nord. Après des années de froid dues aux essais de missiles et d'armes nucléaires nord-coréens, les relations se sont nettement réchauffées cette année, permettant à Kim Jong Un de rencontrer le président chinois Xi Jinping trois fois en Chine depuis janvier.
Des spéculations sur une venue du chef d'État chinois à Pyongyang sont allées bon train. Mais le dernier président à s'y être rendu reste Hu Jintao en 2005, et le dernier Premier ministre Wen Jiabao en 2009. La Chine a envoyé Li Zhanshu, président du Parlement et membre du bureau politique du Parti communiste.
Le choix de Xi Jinping de se faire représenter par un responsable de haut rang semble calculé comme un geste de bonne volonté envers la Corée du Nord, sans fâcher pour autant les États-Unis dans le contexte de conflit commercial actuel entre Pékin et Washington.
Parmi tous les chefs d'État invités, seul le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a indiqué qu'il répondait favorablement. De manière plus anecdotique, l'acteur français Gérard Depardieu est aussi présent.
Un concert samedi soir a donné le coup d'envoi des festivités, avec l'accent mis sur une image de prospérité économique, et peu sur la puissance militaire, avec zéro image de missiles.
En avril, Kim Jong Un avait déclaré achevé le développement de l'armement nucléaire du pays et fait de la "construction économique socialiste" la nouvelle priorité stratégique.
Le contenu de la parade devra le confirmer, selon John Delury, chercheur à l'université de Séoul. "Ce sera intéressant de voir si Kim Jong Un essaie effectivement de changer la symbolique, de modifier le message pour surtout atténuer la rhétorique militariste et promouvoir l'économique", dit-il à l'AFP.
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