Shawkan, en détention depuis son arrestation en 2013 et aujourd'hui âgé de 30 ans, sait maintenant qu'il devrait sortir de prison "dans quelques jours" après plus plus de cinq ans de détention sans jugement.
En effet, sa peine de cinq ans couvre sa détention, explique son avocat Me Karim Abdelrady.
Tout sourire dans le box des accusés, Shawkan a fait le "V" de la victoire devant les journalistes.
Selon Me Abdelrady, qui se réjouit de la remise en liberté prochaine de Shawkan, la peine prononcée est toutefois "injuste parce qu'il n'a fait que son travail".
L'avocat a d'ailleurs annoncé à la presse samedi qu'il allait lancer de nouvelles procédures pour faire reconnaître l'innocence de son client.
A ses côtés, dans le box des accusés du tribunal du complexe pénitentiaire de Tora au sud du Caire, d'autres détenus qui ont obtenu la même peine ont exulté de joie.
Mais dans le même dossier, où étaient jugées au total 739 personnes, 75 d'entre elles, dont des dirigeants des Frères musulmans, ont été condamnées à mort. Ces peines, prononcées le 28 juillet, ont été confirmées par le grand mufti d'Egypte. Les condamnés peuvent faire appel de ce jugement.
De hauts dirigeants des Frères musulmans, comme Mohammed al-Beltagui, Issam al-Aryane et Safwat Hegazi figurent parmi les personnes condamnées à mort samedi.
Par ailleurs, 47 autres accusés ont été condamnés à la perpétuité, 374 à 15 ans de prison, 22 mineurs à 10 ans prison, et 215 ont été condamnés à cinq ans de prison.
Répression
Le fils de l'ancien président islamiste Mohamed Morsi, Oussama Morsi, a été condamné à 10 ans de prison.
Shawkan était poursuivi, lui, pour "meurtre, tentative de meurtre et appartenance à un groupe terroriste", et risquait la peine de mort.
Plusieurs ONG internationales ont milité sans relâche pour la libération de Shawkan, en dénonçant à travers le cas du photojournaliste une attitude répressive du pouvoir vis-à-vis des médias en Egypte.
Des photos de lui prises derrière les barreaux, les mains devant le visage faisant mine de tenir un appareil photo, ont circulé abondamment sur les réseaux sociaux avec des appels à le libérer.
En mai, Shawkan a obtenu le prix mondial de la liberté de la presse de l'Unesco.
La répression des manifestations place Rabaa al-Adawiya et al-Nahda à l'été 2013 au Caire avait été suivie de plusieurs mois d'affrontements meurtriers avec la police, dans lesquels des centaines de personnes ont été tuées.
M. Morsi, élu en 2012 après la révolte de 2011 qui avait mis fin au régime d'Hosni Moubarak, avait ensuite été renversé par l'armée après un an de pouvoir à la faveur de manifestations de masse le visant.
Elu en 2014, puis réélu en 2018, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, ex-chef de l'armée et architecte de la destitution de l'ancien président Mohamed Morsi, est régulièrement accusé par les organisations de défense des droits de l'Homme d'avoir instauré un régime ultra-répressif.
A l'approche de la décision de justice, Amnesty International et Reporters sans frontières (RSF) avaient organisé jeudi un rassemblement devant l'ambassade d'Egypte à Paris pour réclamer une nouvelle fois la libération du photographe.
Samedi après le verdict, Amnesty International a réagi dans un communiqué dénonçant des peines de prison "lourdes".
"Aucun policier n'a été mis en cause pour le meurtre d'au moins 900 personnes", lors des manifestations d'août 2013, ajoutant que le procès de samedi n'était qu'une "moquerie" où Shawkan a été "condamné à cinq ans simplement pour avoir fait son travail".
Et pour RSF, "c'est la fin du calvaire. Ce 8 septembre, la justice égyptienne a décidé de libérer Mahmoud Abdel Shakour Abou Zeid dit Shawkan. Jugé dans un procès de masse avec plus de 700 co-détenus, Shawkan a déjà passé plus de cinq années en détention."
Selon RSF, 32 journalistes sont actuellement emprisonnés en Egypte, qui figure au 161e sur 180 au classement mondial 2018 de la liberté de la presse.
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