"On a gagné, on a gagné !" : à 14H30, la trentaine de salariés du McDo de Saint-Barthélémy présents explosent de joie en apprenant la nouvelle par un texto de leur avocat, Ralph Blindauer. Le juge des référés du tribunal de grande instance de Marseille interdit la cession de leur établissement à la société Hali Food, sous peine d'astreinte de 500.000 euros.
Repreneur présentant une "insuffisance grossière et manifeste de moyens humains, financiers et matériels" et ne disposant "d'aucune expérience ou compétence dans le secteur en cause, ni dans aucun autre du reste" ; projet de restauration halal asiatique, "une nourriture particulièrement singulière", n'ayant aucune viabilité "à brève et moyenne échéance" : dans son ordonnance, le juge des référés du TGI de Marseille est cinglant vis-à-vis du projet de cession.
Fin donc de ce projet de reprise qualifié de "fictif" et "d'escroquerie" par Me Blindauer lundi à l'audience.
Mais l'excitation retombe quand les détails de la décision apparaissent : si la cession du McDo de "Saint-Barth" est bloquée, la vente à un autre franchisé McDonald's de cinq autres restaurants de Jean-Pierre Brochiero, l'actuel franchisé du géant américain du fast food, est quant à elle autorisée.
Mais Me Blindauer a maintenant l'intention d'agir sur le fond pour bloquer la cession de ces cinq restaurants, à Marseille, Vitrolles et Plan-de-Campagne : "Le dossier de cession a toujours été présenté comme un tout par McDonald's même, il n'est pas possible de scinder ce projet", explique-t-il à l'AFP.
Vendredi dans le restaurant aux côtés des salariés, une trentaine de voisins, et de nombreux journalistes, dont une reporter de la radio publique américaine NPR venue couvrir ce curieux combat de salariés français décidés à sauver leur McDo, qui faisait la une vendredi du New York Times
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"Un feu d'artifice à l'intérieur"
A distance, deux heures auparavant, depuis le Vieux Port, Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise, avait apporté une nouvelle fois son soutien aux salariés de ces six restaurants en lutte : "Comment une grande multinationale peut-elle transformer en pions des gens qui travaillent en se donnant de toute leur force depuis 20 ans ?"
"Parce que ces deux-là (Emmanuel Macron et Anegla Merkel, ndlr) le permettent !", avait-il tonné, en marge d'un rassemblement d'opposants à la rencontre prévue dans l'après-midi entre le président français et la chancelière allemande dans la cité phocéenne.
La sénatrice PS Samia Ghali a quant à elle salué la "victoire du courage et de la dignité" après la décision du TGI de Marseille, et appelé maintenant à "parler d'avenir et de projets crédibles pour des salariés".
Heureux de leur victoire, les salariés du McDo de Saint-Barthélémy pensent maintenant à leurs 300 camarades des cinq autres restaurants promis à la cession, sous l'égide d'un nouveau franchisé.
"Nous allons nous battre avec eux, car le but de McDonald's France est clair, profiter du changement de franchisé pour se débarrasser d'un bastion syndical et pratiquer tranquillement le dumping social", explique Kamel Guemari, sous-directeur du McDo de Saint-Barthélémy et délégué FO.
Pas de réaction en revanche vendredi de Jean-Pierre Brochiero, l'actuel franchisé. Ni de McDonald's France, qui avait dénoncé mercredi auprès de l'AFP "beaucoup de désinformation".
Les larmes aux yeux, Samira, 45 ans, préparatrice en pharmacie et habitante du quartier, est venue fêter la victoire des McDo de Saint-Barth : "C'est un feu d'artifice à l'intérieur, je suis si heureuse pour eux, c'est le début de la fin du cauchemar", explique cette mère de famille qui vient souvent manger ici avec ses enfants, "surtout quand la cantine scolaire est en grève".
Mais même pour les salariés de Saint-Barthélémy, le combat continue. Si le projet Hali Food est tombé à l'eau, reste à trouver un autre repreneur, à moins que McDonald's France, qui restera quoi qu'il arrive propriétaire des murs et du terrain à 100% et qui possède aujourd'hui 50% du fonds de commerce, ne décide finalement de garder cette enseigne.
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