"Le livre de (Bob) Woodward est une escroquerie", a lancé vendredi le président américain dans un tweet envoyé depuis le Montana, à plusieurs milliers de kilomètres de Washington.
Les 448 pages rédigées par le célèbre journaliste américain, à l'origine de l'affaire du Watergate qui a fait tomber Richard Nixon, décrivent un homme incapable de saisir les enjeux de la présidence que ses collaborateurs tentent de contourner pour éviter un désastre.
Son impact a été décuplé par la publication, dans la même séquence, d'une tribune anonyme d'un haut responsable de son administration qui se présente comme un "résistant" de l'intérieur et dénonce "l'amoralité du président".
"Je ne parle pas de la façon dont je suis cité. Si c'était le cas, je n'aurais pas été élu président", a tempêté le président américain dans son tweet matinal, accusant Bob Woodward d'utiliser tous les moyens possibles pour "dénigrer et rabaisser".
La question de la véracité des citations rapportées par ce dernier est évidemment un débat crucial pour évaluer la crédibilité de l'ouvrage.
Ce dernier rapporte par exemple les propos du secrétaire général de la Maison Blanche John Kelly qui aurait qualifié le président septuagénaire "d'idiot", jugeant qu'il était "inutile d'essayer de le convaincre de quoi que ce soit".
Or, sur ce thème, Donald Trump a été pris à défaut sur un exemple concret.
En début de semaine, il assurait ainsi n'avoir jamais qualifié, comme le soutient le livre, son ministre de la Justice Jeff Sessions, de "retardé" et d'"abruti du Sud".
Il ajoutait, à l'appui de sa démonstration, n'avoir jamais utilisé le mot "retardé" à l'encontre de qui que ce soit.
Or plusieurs enregistrements ont rapidement refait surface montrant qu'il avait en réalité prononcé le vocable à plusieurs reprises par le passé, en particulier pour décrire un journaliste qui avait émis des doutes sur ses talents d'homme d'affaires.
La crise dans laquelle est plongée la Maison Blanche inquiète les républicains à l'approche des élections législatives de novembre dans lesquelles ils redoutent de perdre la majorité à la Chambre des représentants.
Conscient des enjeux, Donald Trump multiplie les déplacements sur le terrain, même si l'impact de sa montée en première ligne peut être à double tranchant.
"Ce serait un bon scoop!"
Jeudi soir, à Billings, dans le Montana, il a lui-même évoqué la question de son éventuelle destitution ("impeachment"), pour tenter de galvaniser sa base électorale à l'approche du scrutin.
"Ils aiment utiliser le mot destitution", a-t-il ironisé, alors même que ses adversaires démocrates restent très prudents sur ce thème sachant que l'argument peut être contre-productif.
"Comment pouvez-vous réclamer la destitution de quelqu'un qui fait un excellent boulot, qui n'a rien fait de mal? Notre économie est bonne. Mais comment pouvez-vous faire cela," a-t-il lancé.
Les chiffres publiés vendredi matin devraient, à cet égard, lui donner de quoi se réjouir.
L'économie américaine a continué à embaucher fortement en août, dépassant les attentes des analystes, le taux de chômage se maintenant à 3,9%.
Pour l'heure, le mystère qui entoure le "haut responsable de l'administration" qui a rédigé la tribune anonyme et assassine publiée dans le New York Times reste entier.
Le style, la référence à tel événement ou tel individu: le moindre indice est décortiqué pour tenter de l'identifier.
Selon le quotidien, la Maison Blanche a établi une liste de 12 suspects potentiels.
Fait notable: Donald Trump, qui ne rate jamais une occasion de dénoncer le travail des journalistes régulièrement qualifiés d'"ennemis du peuple", a encouragé ces derniers à redoubler d'efforts dans leurs investigations.
"Ce serait un bon scoop!", a-t-il lâché.
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