"Un message pour ces bandits: ils viennent d'élire le nouveau président, et ce sera fait dès le premier tour", a lancé l'un des fils du député, Flávio Bolsonaro, après s'être rendu au chevet de son père dans la nuit de jeudi à vendredi à l'hôpital Santa Casa de la ville de Juiz de Fora.
Jair Bolsonaro, favori du premier tour de la présidentielle d'octobre, a été opéré d'urgence jeudi après avoir été poignardé par un ancien militant de gauche alors qu'il faisait campagne dans cette ville du Minas Gerais (sud-est).
L'assaillant, un homme de 40 ans immédiatement arrêté, est un ancien militant du parti de gauche PSOL qui a affirmé à la police avoir agi "sur l'ordre de Dieu".
M. Bolsonaro, 63 ans, était dans un grave mais "stationnaire pour le moment" après avoir subi plusieurs perforations de l'intestin qui ont provoqué une importante hémorragie interne.
Vendredi matin, il a été transféré à l'hôpital Albert Einstein de Sao Paulo, plus moderne, une "décision de la famille" qui n"'implique aucun risque" pour le patient, a déclaré un porte-parole de Santa Casa.
Dans une vidéo choc tournée dans la nuit, M. Bolsonaro remercie Dieu et ses chirurgiens. L'ancien-capitaine de l'armée se désole aussi de ne pas pouvoir assister au défilé militaire de ce vendredi, jour de l'Indépendance au Brésil.
"Mais nous y serons avec le cœur et l'esprit, plaçant toujours le Brésil au-dessus de tous et Dieu au-dessus de tout", a-t-il affirmé, reprenant son slogan de campagne.
Cette vidéo est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux où M. Bolsonaro compte des bataillons d'abonnés. Vendredi matin, le mot-clé #ForçaBolsonaro (Allez Bolsonaro) était parmi les grandes tendances sur Twitter.
Supporters galvanisés
Cet attentat devrait avoir un impact politique pour le favori du premier tour le 7 octobre. "Cet épisode renforce les chances électorales de Bolsonaro", a déclaré à l'agence Bloomberg l'analyste Richard Back, de XP investments.
"Tout à coup il se transforme en une victime presque aussi grande que Lula", l'ex-président incarcéré pour corruption dont la candidature a été invalidée. Luiz Incio Lula da Silva affirme avoir été l'objet d'un complot politique destiné à l'empêcher de briguer un troisième mandat.
Dans la vidéo tournée à l'hôpital, M. Bolsonaro a indiqué qu'il savait qu'il pourrait être la cible d'un attentat mais s'est montré étonné: "Je n'ai jamais fait de mal à personne".
Jimena Blanco, analyste chez Verisk Maplecroft, a estimé elle aussi que "l'attaque contre Bolsonaro, qui avait déja renforcé son avance après l'exclusion de Lula, va avoir un impact direct sur les intentions de vote".
Elle devrait "permettre de faire baisser le taux élevé de rejet" du candidat dans la population et de lui apporter davantage de soutien".
Grand admirateur de la dictature militaire (1964-85) et habitué des dérapages racistes, misogynes ou homophobes, M. Bolsonaro arrive largement en tête des intentions de vote du premier tour de la présidentielle (22%), devançant l'écologiste Marina Silva de 10 points.
Mais il est aussi le candidat suscitant le plus de rejet, surtout parmi les femmes.
L'absence de Bolsonaro de la campagne pendant au moins une dizaine de jours -- à condition qu'il se rétablisse sans problème -- ne devrait pas l'handicaper outre mesure.
Ses 8,5 millions d'abonnés sur Facebook, Twitter ou Instagram - bien plus qu'aucun autre candidat - sont galvanisés et vont activement poursuivre sa campagne sur les réseaux sociaux, sous la houlette des fils de M. Bolsonaro, très impliqués.
"Le fait qu'il ait été poignardé va accentuer le soutien de ceux qui prônent une politique sécuritaire musclée", avec une libéralisation du port d'arme, ajoute Mme Blanco.
En outre, souligne l'analyste, "les autres candidats vont aussi s'abstenir de lancer des attaques politiques frontales, au moins tant que Bolsonaro sera hospitalisé". C'est ce qu'a déjà fait Geraldo Alckmin, candidat du PSDB de centre droit qui avait lancé de nombreuses flèches dans ses spots télévisés à l'endroit du député d'extrême droite.
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