Quasi-quotidiennement, le pouvoir de Bachar al-Assad et son allié russe lancent des déclarations va-t-en-guerre sur Idleb, province du nord-ouest dominée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, et où sont présentes également des factions rebelles.
Dans la crainte d'une offensive imminente, les Etats-Unis ont convoqué vendredi une réunion du Conseil de sécurité, le jour même d'un sommet à Téhéran entre les présidents d'Iran, de Russie et de Turquie, principaux parrains des protagonistes de la guerre en Syrie, censé sceller le sort d'Idleb.
"Dieu nous en garde, un massacre pourrait avoir lieu si une pluie de missiles s'y abattait", a averti le président turc Recep Tayyip Erdogan dont le pays, parrain des rebelles, est opposé à un assaut qui risque de provoquer un afflux de réfugiés vers sa frontière.
"Grâce à Dieu nous allons pouvoir empêcher une action extrême du régime (à Idleb) en obtenant des résultats positifs à Téhéran", a espéré M. Erdogan.
C'est dans la province d'Idleb frontalière de la Turquie et conquise en 2015 par les rebelles, qu'ont été envoyés des dizaines de milliers de rebelles et de civils, évacués de fiefs repris par le régime.
En conséquence, quelque trois millions d'habitants vivent dans la région et les poches rebelles adjacentes, dont la moitié sont des déplacés, d'après l'ONU.
"Des millions de civils innocents sont sous la menace d'une attaque imminente du régime Assad, avec le soutien de la Russie et de l'Iran", a prévenu la Maison Blanche.
Craintes d'une attaque chimique
Si l'assaut est donné, la communauté internationale craint une catastrophe humanitaire d'une ampleur inédite, même à l'échelle d'un pays ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 350.000 morts et poussé à la fuite des millions de personnes.
Revenant à la charge, l'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura, a appelé mardi à éviter "un bain de sang", alors que depuis plusieurs semaines, l'armée de Damas masse des renforts aux abords d'Idleb.
Mercredi le régime bombardait à l'artillerie plusieurs régions dans la province au lendemain de raids russes qui ont tué 13 civils, dont six enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'armée russe a confirmé des raids contre des jihadistes, loin de zones résidentielles.
De plus, certains pays ont dit craindre une possible attaque chimique à Idleb et une réédition du scénario de la Ghouta orientale.
Dans cet ex-bastion rebelle, le régime a été accusé en avril d'avoir utilisé ces armes illégales, qui ont fait 40 morts civils selon les secouristes en zones rebelles. Et les Occidentaux avaient mené des frappes de représailles.
"Si le président Bachar al-Assad décide d'utiliser une nouvelle fois des armes chimiques, les Etats-Unis et leurs alliés répondront rapidement et de façon appropriée", a mis en garde la Maison Blanche.
Sommet crucial
Alors que selon M. de Mistura, l'assaut pourrait être donné "autour du 10 septembre", les yeux sont rivés sur le sommet de Téhéran, où le président Hassan Rohani accueillera le russe Vladimir Poutine et M. Erdogan.
Les trois pays, impliqués militairement en Syrie, ont acquis un rôle déterminant dans le conflit et c'est bien ce sommet qui pourrait décider ou non d'une offensive, en fixer l'ampleur et le calendrier.
"C'est un sommet très important", a dit à Moscou un conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov. Les trois dirigeants "vont accorder une attention particulière à la situation dans la zone d'Idleb où sont concentrés les terroristes".
Une victoire à Idleb serait hautement symbolique pour le pouvoir, déterminé à reconquérir l'intégralité du territoire.
C'est avec l'appui militaire crucial de Moscou, outre celui de l'Iran, que M. Assad a déjà réussi à consolider son emprise sur près des deux-tiers du pays, multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes.
Mais de larges régions lui échappent encore. Dans le nord-est, la minorité kurde domine près de 30% du territoire, où elle a installé une administration semi-autonome. Ailleurs dans le nord, à la frontière turque, des rebelles pro-Ankara contrôlent plusieurs grandes villes.
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