"Je demande l'ajournement", a déclaré le sénateur démocrate Richard Blumenthal, interrompant le chef républicain de la commission judiciaire dès l'ouverture des débats pour dénoncer l'arrivée tardive de dizaines de milliers de documents devant servir à l'audition.
Cette demande a peu de chance d'aboutir dans un Sénat dominé par les républicains.
"Qu'a peur de montrer au public américain l'administration" Trump, a-t-il asséné.
Entré en souriant pour prendre place devant la commission judiciaire au Sénat américain, Brett Kavanaugh, 53 ans, est resté de marbre alors que plusieurs membres du public applaudissaient le sénateur, d'autres dénonçant en criant une "mascarade".
Les démocrates s'indignent de n'avoir pas pu consulter à temps des dizaines de milliers de pages de documents retraçant la carrière de M. Kavanaugh, dont son passage à la Maison Blanche en tant que conseiller de George W. Bush.
Ils le soupçonnent notamment d'avoir à cette époque joué un rôle dans les décisions liées aux techniques d'interrogatoires musclées menées pendant les guerres en Irak et Afghanistan.
"Je n'ai jamais connu une audition comme celle-ci où les documents sont si difficiles à obtenir", avait dénoncé la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, numéro deux de la commission, juste avant l'ouverture de l'audition.
Lundi soir, jour férié aux Etats-Unis, les sénateurs ont reçu 42.000 pages de documents.
"Ceci démontre à quel point ce processus est absurde", s'est indigné le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, sur Twitter. "Aucun sénateur ne pourra passer en revue ces archives avant demain".
Mais les républicains de la commission judiciaire lui ont répondu avant l'audition qu'ils avaient pu consulter "chacune de ces pages" à temps. "Surhumain", ont rétorqué les démocrates.
Le Sénat a le dernier mot sur les nominations présidentielles à la Cour suprême, qui tranche aux Etats-Unis sur les plus grands sujets de société comme l'avortement, les lois sur les armes, le mariage pour tous, le système de santé ou encore le poids des syndicats.
Malgré la vive opposition des démocrates, la confirmation du juge Kavanaugh semble pratiquement assurée. La majorité républicaine (51-49) vient d'être temporairement réduite par le décès de John McCain mais il sera rapidement remplacé par un autre républicain.
Son audition devrait durer jusqu'à quatre jours et voir défiler une trentaine d'intervenants, dont l'ancienne secrétaire d'Etat républicaine Condoleezza Rice.
Brett Kavanaugh compte promettre d'être un juge "impartial" dans ses remarques préliminaires.
Brett Kavanaugh s'engage à "juger les dossiers en accord avec la Constitution", selon des extraits de ses remarques préparées publiées par la Maison Blanche.
"Je ne tranche pas sur les dossiers selon mes préférences personnelles ou politiques", insiste le juge, qui brigue un siège à vie à la Cour suprême.
"Menace"
Donald Trump a choisi Brett Kavanaugh le 9 juillet pour remplacer le juge Anthony Kennedy, qui a pris sa retraite après trois décennies à la Cour suprême. Ce dernier y jouait un rôle de balancier, entre quatre conservateurs et quatre progressistes. Brett Kavanaugh devrait l'ancrer fermement du côté conservateur.
Brett Kavanaugh saluera le rôle d'Anthony Kennedy, pour qui il a travaillé.
"Il a ardemment défendu l'indépendance de la Justice. Et ce fut un grand défenseur de la liberté", doit-il dire.
Mais les démocrates s'inquiètent, entre autres, de ses positions sur l'avortement. Et de son opinion, exprimée, en 2009, que les présidents américains ne devraient pas être entravés dans leurs importantes fonctions par des poursuites judiciaires, alors que le procureur spécial, Robert Mueller, enquête sur la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016.
A la fin des années 1990, Brett Kavanaugh avait participé aux investigations du procureur Kenneth Starr sur la relation extra-conjugale que Bill Clinton avait eue avec Monica Lewinsky.
S'il est confirmé, ce catholique pratiquant deviendra l'un des plus jeunes magistrats de l'institution, avec Neil Gorsuch (51 ans), lui aussi désigné par Donald Trump en 2017.
La Maison Blanche apparaît confiante sur une confirmation rapide.
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