L'administration fiscale est-elle prête pour ce "big bang" fiscal? Les risques de défaillance technique sont-ils exclus? Quel sera l'impact de la réforme sur la croissance? Voilà quelques unes des questions qui seront abordées à l'occasion de cette rencontre, prévue en fin de matinée.
Signe de l'importance accordée à ce dispositif: le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Edouard Philippe seront tous les deux présents, en compagnie du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, chargé de mettre en œuvre la réforme.
"Il m'appartient d'apporter des réponses claires", a souligné ce dernier samedi. "Avant d'appuyer sur le bouton", "il faut être sûr que tout marchera parfaitement", a renchéri la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, assurant que la décision de l'exécutif serait "prise mardi".
Interrogés lundi après-midi, ni L'Elysée, ni Matignon, ni Bercy n'étaient toutefois en mesure de dire si cette décision serait annoncée à l'issue de la rencontre. Il n'est "pas sûr" que la réunion "soit décisionnelle", a glissé une source gouvernementale.
"Directive finale"
Un report de la réforme, inenvisageable voilà encore une semaine, malgré l'hostilité du patronat et des syndicats à ce dispositif, est devenu plausible depuis qu'Emmanuel Macron a laissé transparaître son hésitation, à l'occasion d'une conférence de presse.
"J'ai besoin d'une série de réponses très précises et d'être sûr de ce que nos concitoyens vivront le jour où on le mettra en place si on le met en place", a-t-il déclaré, disant vouloir prendre le temps de la réflexion "avant de donner une directive finale".
Lundi en Mayenne, devant des élus, M. Macron a affirmé qu'une mise en œuvre ratée de cette réforme pouvait "brûler un capital politique", estimant que "ceux qui le poussent" à le faire "ne seront pas là" pour le défendre en cas de problème, selon des participants.
Le chef de l'Etat aurait évoqué la généralisation de la mensualisation comme "une des portes de sortie", selon l'un d'eux.
La réforme, qui consiste à prélever les impôts directement sur les salaires et les pensions, va concerner près de 38 millions de foyers fiscaux. Lancée par François Hollande, elle a déjà été retardée d'un an après l'élection d'Emmanuel Macron.
Jusqu'à présent, le gouvernement s'est toujours montré rassurant sur son dispositif. Mais la publication par le journal Le Parisien d'une note du fisc faisant état de plusieurs centaines de milliers d'erreurs lors de la phase d'essai a jeté le doute sur un possible "bug technique".
Au-delà, c'est l'impact psychologique de la réforme qui provoque des sueurs froides au sein de la majorité, où l'on redoute une vague de mécontentement lorsque les Français verront leur salaire net baisser.
"Pression de lobbies"
Pour l'exécutif, le temps presse. En principe, Bercy peut faire marche arrière jusqu'au dernier moment. Mais après le 15 septembre, cela sera plus compliqué: c'est en effet la date butoir pour que les contribuables décident de leur taux de prélèvement.
Une situation qui pousse chacun à faire pression pour faire valoir ses arguments. "Il faut repousser la réforme pour changer le mode de perception de l'impôt", a estimé lundi le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.
"Nous redemandons solennellement l'abandon de cette réforme qui n'est pas une bonne réforme pour les Français parce qu'elle complexifiera leur imposition", a déclaré de son côté le secrétaire général délégué des Républicains, Geoffroy Didier.
Pour Emmanuel Macron, qui a fait de sa volonté réformatrice un leitmotiv, un report de la réforme sonnerait cependant comme une reculade, d'autant plus délicate à gérer que l'impôt à la source reste populaire, avec 60% de Français favorables à la réforme, selon un sondage Ipsos.
"La décision de mardi sera lourde de conséquences", a prévenu le syndicat Solidaires finances publiques, hostile à la réforme, mais également critique sur un report au vu des "délais très courts". Avant de mettre en garde le gouvernement: "la future décision ne doit être prise que dans l'intérêt général et pas sous la pression de lobbies".
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