Depuis la crise de 2008, qui a jeté des dizaines de millions de gens à la rue, privé des centaines de millions d'autres de travail et détruit des trillions de dollars de richesses, l'économie mondiale s'est reprise et consolidée.
En juillet, le Fonds monétaire international (FMI) a décidé de maintenir sa prévision de 3,9% de croissance dans le monde pour cette année et l'an prochain.
Mais "le risque que les tensions commerciales actuelles s'intensifient encore (...) représente à court terme la menace la plus grande pour la croissance mondiale", résumait Maurice Obstfeld, son économiste en chef.
Une inquiétude partagée presque mot pour mot par la plus puissante banque centrale du monde, la Fed américaine.
"Si un conflit (commercial) d'envergure se prolongeait, cela entraînerait des effets adverses sur la confiance des entrepreneurs, sur les dépenses d'investissements et sur l'emploi", avertit la banque centrale. Ce qui est vrai pour l'Amérique est vrai pour le monde.
Négociations forcées
Depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président américain Donald Trump a mis le commerce mondial sens dessus dessous en attaquant les uns après les autres les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, sans distinction entre les alliés les plus fidèles et les rivaux en devenir.
Les négociations commerciales avec le Canada en sont une illustration. Donald Trump n'aime pas l'Aléna - le traité commercial qui depuis 1994 lie les Etats-Unis au Canada et au Mexique - parce qu'il est "désastreux" pour l'Amérique. Il a donc forcé à la renégociation.
A deux doigts d'un accord, des propos désobligeants du président grippent les discussions. Loin de s'amender, il attaque de plus belle le Canada, pourtant premier partenaire commercial des Etats-Unis.
Il a aussi déclaré que l'Union européenne était un ennemi (commercial) à un moment où Bruxelles est confronté aux incertitudes liées au Brexit; et avec la Chine, le milliardaire a poussé à l'extrême sa stratégie d'instaurer des tarifs douaniers punitifs pour obtenir des concessions.
La brutalité de ses actions et sa menace de prendre de nouvelles mesures contre Pékin dès cette semaine commencent à se faire sentir dans la deuxième économie mondiale et une aggravation pourrait avoir un effet boule de neige sur les investissements, les chaînes de production régionales, la confiance, etc.
Bis repetita ?
Quand la banque Lehman Brothers est laissée à son funeste sort le 15 septembre 2008, l'ampleur du désastre devient visible: des sommes gigantesques ont été investies dans des outils financiers ultra-sophistiqués créés par des banques dérégulées mais ils sont basés sur un mensonge, celui des "subprimes": l'accès à la propriété pour tous, sans apport et (presque) sans revenus.
Quand la Fed rend le crédit plus cher, le château de cartes s'effondre.
Les anciens qui ont vécu la "Grande dépression" ne sont pas certains de ce qui provoquera la prochaine crise de cette ampleur.
"Pour paraphraser Tolstoï, tous les marchés heureux sont identiques mais chaque marché de crise est différent", souligne Nicolas Colas de DataTrek Research.
L'économie américaine tourne sur tous les cylindres avec un taux de chômage autour de 4%, sans dérapage des prix et la Bourse qui bat des records.
Le paysage bancaire a été assaini et est devenu, selon Steve Eisman, l'un des financiers s'étant enrichi sur les "subprimes", le secteur "le plus réglementé après l'électricité".
La loi Dodd-Frank de 2010 a limité la prise de risques et forcé les banques à disposer d'un coussin de sécurité très important, tandis qu'une agence de protection des consommateurs a vu le jour, même si l'administration Trump est en train de raboter ses pouvoirs, comme elle le fait dans de nombreux autres secteurs.
Aaron Klein, un spécialiste de la régulation au centre de réflexion Brookings s'inquiète: "Je ne sais pas ce qui va causer la prochaine crise mais je suis sûr que ce ne seront pas les tulipes de Hollande, ni les subprimes".
Avec la certitude qu'il y aura une autre crise - il y en a toujours une -, Ian Bremmer, expert en risque politique à l'Eurasia Group, craint qu'il ne soit impossible dans le climat de division actuel, généré en partie par le président américain, d'organiser une réponse coordonnée à une crise comme en 2008.
"Il y a assez de stabilité politique dans le monde pour gérer le gros titre de la +Une+ du jour. J'en suis moins convaincu pour la prochaine crise", estime t-il.
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