Ajustement a minima ou grand chambardement ? L'ampleur des changements au sein de l'équipe gouvernementale restait un mystère à quelques heures de l'annonce, d'ici la fin de la journée.
Il s'agira du troisième remaniement depuis le début du quinquennat. Le premier, conduit dès le 21 juin 2017, a entraîné le départ de quatre ministres, dont François Bayrou, pour cause d'enquêtes judiciaires. Le deuxième, le 24 novembre, a abouti à un simple "ajustement" lié à l'arrivée de Christophe Castaner à la tête de LREM.
Cette fois-ci, c'est la démission fracassante de Nicolas Hulot, numéro 3 du gouvernement, qui contraint l'exécutif à renouveler l'équipe, alors qu'un remaniement n'était pas attendu avant les élections européennes de mai 2019.
Ce départ a contribué à bouleverser le retour de vacances d'Emmanuel Macron, déjà confronté à des sondages en berne à la suite de l'affaire Benalla, à une croissance moins solide que prévu et à des difficultés à mettre en oeuvre les réformes prévues, comme celle des institutions.
Quand on est président, "il y a des jours qui sont faciles et d'autres non", a reconnu le chef de l'Etat, tout en apparaissant détendu au cours de sa visite lundi dans un collège de Laval pour la rentrée scolaire.
Mais les oppositions voient dans cette succession d'ennuis la fin du "mirage Macron", l'accusant de revenir sur ses engagements et de reprendre des méthodes de "l'ancien monde".
Pour le poste de ministre de la Transition écologique, une dizaine de noms ont été évoqués pour leur connaissance des lourds dossiers de l'environnement. Le plus cité, Daniel Cohn-Bendit, s'est retiré, jugeant que se lancer dans une carrière ministérielle serait "une fausse bonne idée".
Mais il a soufflé deux noms au président: Laurence Tubiana, ex-négociatrice pour la France lors de la COP21, ou Pascal Canfin, ancien ministre délégué de François Hollande et président du WWF France.
"Amateurisme"
Ces deux personnalités, peu connues du grand public, s'ajoutent à d'autres candidats potentiels comme l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy, Chantal Jouanno, le président de l'Assemblée nationale François de Rugy ou la députée de la majorité Barbara Pompili. A moins qu'Emmanuel Macron et Edouard Philippe ne créent la surprise comme ils l'ont fait en promouvant de quasi-inconnus au gouvernement.
Le nouveau ministre devra surtout s'inscrire "dans la logique collective du gouvernement" en prenant "en compte les contraintes et objectifs" de l'ensemble des ministères, a insisté lundi Jean-Michel Blanquer (Education).
L'autre rendez-vous important de la journée à l'Elysée est la réunion sur le prélèvement à la source, prévue à 11H15 autour d'Emmanuel Macron, d'Edouard Philippe et du ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin.
L'enjeu est de décider si cette réforme historique pour la collecte des impôts entrera bien en vigueur le 1er janvier ou si elle sera de nouveau reportée, voire enterrée.
Il n'est "pas sûr que (la réunion) soit décisionnelle", a prévenu une source gouvernementale.
Partisans et adversaires de la réforme se disputent sur les risques de bugs, son poids sur les entreprises mais aussi son impact psychologique sur les contribuables qui verront leur salaire net diminuer du fait du prélèvement.
"Avec ça, on peut brûler un capital politique", "imaginez qu'il y ait 100.000 bugs", a déclaré M. Macron lundi lors d'une rencontre avec les élus à Laval, selon deux participants à la réunion.
"Ceux qui me poussent à faire cette réforme ne seront pas là pour me défendre", a-t-il ajouté.
Les Républicains (LR) ont brocardé "l'amateurisme au sommet de l'État" sur ce dossier et réitéré leur appel à son abandon, également réclamé par La France Insoumise ou le Medef, qui plaide pour une "mensualisation généralisée".
La France est un des rares pays européens à ne pas utiliser le prélévement à la source pour percevoir l'impôt sur le revenu.
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