Elle a pris ses quartiers dans le Vieux-Lyon touristique depuis plusieurs années, ouvrant "bars associatifs", salles de sports et commerces.
"Lyon est une ville où toutes les nuances du spectre sont représentées", souligne Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques (Orap) à la Fondation Jean-Jaurès. "Mais elle n'est pas la seule !", nuance-t-il, évoquant aussi "l'importante activité de l'extrême droite en Picardie, quoique moins diverse".
Les racines de cette implantation sont anciennes - Lyon, ville contre-révolutionnaire où les milieux catholiques traditionalistes sont restés vivaces, a servi de lieu de repli à l'Action Française pendant la Seconde Guerre mondiale - mais "ce n'est pas un +fief+ au sens où il y aurait une impunité, ça reste des groupuscules", insiste le chercheur, pour qui les autorités locales ont pris la mesure du problème.
Fin mai, après une manifestation contre l'ultradroite et l'annonce de l'ouverture d'une école par Marion Maréchal, le maire Georges Képénékian a affiché sa "détermination totale" à lutter contre cette "gangrène qui s'installe à bas bruit, enfin, de moins en moins à bas bruit".
"Il n'y a pas de bastion de l'extrême droite à Lyon", assure pour sa part la préfecture qui a symboliquement fait passer la Gay Pride sur un quai du Vieux-Lyon cette année, une première depuis 2010.
Selon les autorités, "200 à 250 militants" gravitent dans ces mouvances.
La dernière à avoir vu le jour est le "Bastion Social", nom apparu au printemps 2017 sur un immeuble désaffecté du centre-ville, squatté par des membres du GUD - Groupe Union Défense, syndicat étudiant d'extrême droite mis en sommeil depuis - qui voulaient en faire un centre d'accueil "réservé aux Français de souche", sur le modèle du mouvement CasaPound en Italie.
Stratégie de communication
Ils ont été expulsés mais le modèle a fait des petits à Aix-en-Provence, Chambéry, Marseille, Strasbourg et Clermont-Ferrand. En janvier, son chef de file national, le Lyonnais Steven Bissuel, 24 ans, a ouvert sur les quais de Saône un bar associatif, le "Pavillon Noir".
Des manifestations ont réclamé la fermeture de ces locaux à Lyon comme ailleurs, sans effet. "Juridiquement, les moyens sont limités", observe Jean-Yves Camus, faute de démontrer "un trouble grave et imminent à l'ordre public".
Steven Bissuel, lui, a eu affaire à la justice: mi-août, il a écopé de 20.000 euros d'amende pour avoir publié en 2015, pour les 70 ans d'Auschwitz, un dessin avec un texte antisémite sur les réseaux sociaux. Il est aussi mis en examen pour une rixe survenue en marge d'un concert à Lyon en avril, sur fond de guerre des territoires entre "fachos" et "antifas".
Mais si la ville a connu de graves agressions dans le passé, comme des coups de couteau en 2014 pour lesquels des militants d'extrême droite seront jugés mercredi devant le tribunal correctionnel, la stratégie semble se faire plus prudente aujourd'hui, misant davantage sur la communication et les réseaux sociaux.
C'est le cas surtout pour Génération Identitaire (GI), implanté depuis 2010 dans le Vieux-Lyon où son local de "La Traboule" a été augmenté d'une salle de boxe. Sous la bannière "Defend Europe", son action s'est focalisée dernièrement sur les migrants, en Méditerranée ou dans les Hautes-Alpes. Dans le passé, elle avait ciblé des mosquées.
Autres mouvances, L'Oeuvre française d'Yvan Benedetti et les Jeunesses nationalistes d'Alexandre Gabriac, très visibles lors des manifestations contre le mariage homosexuel - qui avaient rassemblé toute la frange radicale lyonnaise, hooligans du stade de foot compris - avant d'être dissoutes en 2013.
Depuis, il y a eu "des recompositions, parfois des reconstitutions", observe Joël Gobin, chercheur à l'Orap. Benedetti et Gabriac ont été condamnés à des amendes, à ce titre, en juillet. Ces anciens membres du Front national militent officiellement, aujourd'hui, au Parti nationaliste français et au mouvement intégriste Civitas.
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