L'une des victimes a été touchée au bras par des coups de feu tirés par des hommes armés circulant à bord de trois camionnettes, alors que la manifestation touchait à sa fin, dans l'est de la capitale nicaraguayenne, a constaté un photographe de l'AFP.
Un autre manifestant a été blessé dans un autre secteur du cortège, provoquant la colère des opposants, qui ont détruit un véhicule de la police, selon une femme qui a témoigné auprès des journalistes en cachant son visage.
"Des hommes armés brandissant des drapeaux rouge et noir (du parti sandiniste du président Ortega, ndlr) ont tiré en l'air depuis une camionnette", selon ce témoignage.
Des dizaines de policiers anti-émeutes et des groupes de partisans du président Ortega se sont ensuite déployés tandis que les manifestants se réfugiaient dans un centre commercial.
Dans un communiqué, la police a qualifié ces incidents d'"actes terroristes" causés par "des putschistes".
Des accusations rejetées par l'Alliance citoyenne pour la justice et la démocratie - qui regroupe des étudiants, des chefs d'entreprise et des représentants de la société civile - et qui est l'origine de cette manifestation. Selon elle, la police "ment" et "altère la réalité" des faits.
Le MESENI, un groupe spécial de suivi de la situation créé par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a "condamné l'attaque" contre la marche des opposants.
Ces violents incidents interviennent au lendemain de l'expulsion de la mission dans le pays du Haut commissariat aux droits de l'homme, très critique sur les "violations des droits de l'homme" dans la répression des manifestations d'opposants.
Dès le début de cette manifestation, appelée "marche des drapeaux", d'importantes forces anti-émeutes ont été déployées et de nombreux partisans de Daniel Ortega étaient présents, ont dénoncé les organisateurs.
Les forces de l'ordre ont tenté d'arrêter l'avancée de la manifestation, qui a rassemblé des milliers d'opposants. A l'issue d'un affrontement, les policiers se sont retirés et la marche s'est poursuivie.
"Nous n'avons pas peur"
"Ils doivent nous laisser manifester", a déclaré Edwin Carcache. Pour ce leader étudiant, le déploiement des forces de l'ordre "fait partie de leur plan maléfique pour menacer le peuple" et le gouvernement "veut nous faire partir des organisations internationales et nous menacer, mais nous n'avons pas peur, nous allons rester dans la rue".
L'ambassade des Etats-Unis à Managua a appelé ses ressortissants à ne pas se rendre dans le secteur où les émeutes se sont produites.
"La violence peut se produire au cours de n'importe quelle manifestation", a averti l'ambassade, ajoutant que "la police, les milices et autres groupes contrôlés par le gouvernement ont souvent réagi, lors des manifestations en faveur de la démocratie, par la violence".
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, dans un rapport publié mercredi à Genève, a dénoncé "l'usage disproportionné de la force, qui se traduit parfois par des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des détentions arbitraires généralisées, la torture et les mauvais traitements".
Selon le Haut-Commissariat, entre le 18 avril, date du début des manifestations contre le gouvernement Ortega, et le 18 août, au moins 300 personnes ont été accusées "de terrorisme et de crime organisé" après avoir participé à des manifestations.
Daniel Ortega a rejeté ce rapport, qualifiant le Haut-Commissariat d'"instrument de politiques de terreur, de mensonge et d'infamie".
Les manifestations de l'opposition au Nicaragua, le pays le plus pauvre d'Amérique centrale, ont commencé mi-avril contre une réforme de la sécurité sociale - abandonnée depuis - pour se durcir ensuite et s'étendre à tout le pays en réaction à la répression.
Elles ont fait plus de 320 morts, 2.000 blessés, et un grand nombre de personnes ont été arrêtées et emprisonnées. Des milliers de Nicaraguayens ont fui leur pays pour se réfugier notamment au Costa Rica voisin, de peur d'être interpellés.
Les opposants à Daniel Ortega l'accusent de corruption, de népotisme et d'avoir instauré une dictature avec son épouse Rosario Murillo, qui est vice-présidente. Ils demandent que l'élection présidentielle prévue pour 2021 soit avancée au mois de mars 2019, ce que refuse M. Ortega.
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