En attendant, au mieux en 2020, la réalisation de la seconde gare TGV tout aussi contestée de Nîmes-Manduel (Gard), seuls six trains de voyageurs s'arrêtent quotidiennement dans la nouvelle gare Montpellier-Sud-de-France, qui a coûté quelque 135 millions d'euros.
Ce que les usagers découvrent à leur arrivée au milieu d'un no man's land destiné à terme à devenir un nouveau quartier en a désespéré plus d'un et a alimenté les courriers des lecteurs de l'été.
"Un tel mépris pour les voyageurs, je ne peux pas y croire !", enrage Hilda Fessenmeyer, une touriste allemande sexagénaire errant en vain dans le hall à la recherche d'informations. Voyageant depuis Paris avec sa mère âgée, elle pensait arriver au centre de Montpellier et se retrouve "vraiment en difficulté".
"On est où ici? Sur la Lune? Il n'y a pas d'humains, pas même de quoi prendre un café?", se lamente de son côté Claudia Jimenez, jeune étudiante espagnole, arrivée très en avance dans une gare déserte après s'être "ruinée" pour prendre un taxi.
Au milieu d'un décor de terrains vagues, cette gare "fantôme", "inutile", selon ses détracteurs, ne dispose d'aucun guichet, d'aucun distributeur de billets de banque, de boissons ou de snacks. Son point d'information est souvent fermé. Son seul commerce, ouvert de 09h30 à 16h30, est un minuscule kiosque vendant des boissons et des snacks, pris d'assaut avant le départ de chaque train.
Sprint à travers champs
Dans la période de pointe, entre 15h00 et 17h00, la situation devient vite chaotique à l'intérieur et à l'extérieur de la gare: l'unique et étroite route d'accès est saturée et paralysée dans les deux sens, le parking et le petit dépose-minute aussi. Un concert de klaxons ne tarde pas à retentir tandis que des voyageurs se mettent à courir frénétiquement dans tous les sens avec leurs valises.
Certains vont jusqu'à faire un sprint à travers champs en traînant leurs bagages à roulettes pour attraper leur train. C'est le cas de Sarah Dejean, une héraultaise de 24 ans. "C'est le fiasco de l'été cette gare !", s'exclame la jeune femme, le visage empourpré par la colère et l'effort.
Parmi ceux qui arrivent en train, il y a les avertis, comme Stéphanie Gély, une trentenaire, qui rentre à Béziers avec ses deux petites filles et trois valises et se précipite vers une des rares navettes qui rejoignent l'arrêt de tramway permettant notamment d'atteindre Saint-Roch, la gare de centre-ville.
"Je sais qu'il y a peu de bus, il faut se dépêcher sinon on va louper notre correspondance!", dit-elle au milieu de la cohue indescriptible d'un week-end de rentrée.
Pour ceux qui ne savent pas, comme Ann James, une touriste quadragénaire britannique débarquant pour la première fois dans la région, rejoindre le centre-ville peut vite tourner au calvaire: "deux heures pour arriver à notre hôtel, bienvenue à Montpellier!", ironise-t-elle.
Au cœur d'un conflit entre le maire et président de la métropole de Montpellier Philippe Saurel (DVG, soutien d'Emmanuel Macron) et la présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga, qui a gelé le financement régional de ce projet depuis 2016, la seconde gare TGV de Montpellier a fait polémique dès les débuts du projet.
Le nouvel équipement décrié n'a pas été inauguré et la ministre des Transports Elisabeth Borne l'a évité lors de sa récente venue à Montpellier.
Face aux dysfonctionnements et à l'exaspération, M. Saurel a annoncé que les modalités d'accès seraient rapidement revues, en accord avec la SNCF et l'Etat.
Ce qui devrait encore alourdir la facture, alors que les opposants à la gare dénoncent déjà une "gabegie" et que le prolongement du tramway jusqu'à Montpellier-Sud-de-France, attendu au mieux en 2021, représente 40 millions d'euros de dépenses supplémentaires.
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