Vendredi, à l'issue d'un jugement fleuve qui s'est prolongé tard dans la nuit, le Tribunal Supérieur Électoral (TSE) a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva inéligible, par une majorité écrasante de six voix contre une, en vertu d'une loi qui interdit toute personne condamnée en appel de se présenter.
Incarcéré depuis avril pour corruption, l'ex-président (2003-2010) de 72 ans ne pourra pas briguer un troisième mandat, même si son Parti des Travailleurs (PT) a promis de "lutter par tous les moyens", en "déposant tous les recours possibles".
Le TSE a donné au PT dix jours pour choisir un successeur à son leader historique. Le dauphin est tout trouvé : Fernando Haddad, 55 ans, ancien maire de Sao Paulo et colistier de Lula.
Hasard du calendrier ou non, M. Haddad doit faire campagne samedi dans l'Etat pauvre de Pernabouc (nord-est), plus particulièrement dans la petite ville de Caetés, terre natale de Lula.
Lundi, ce fils de commerçants libanais sera à Curitiba (sud), pour rendre visite à son mentor dans la prison où il purge une peine de 12 ans et un mois de réclusion.
"Boulet"
"Le PT doit redéfinir sa stratégie et rien ne sera décidé avant la rencontre d'Haddad et d'autres membres du parti avec Lula lundi", a affirmé l'éditorialiste Tereza Cruvinel dans l'édition de samedi du Jornal do Brasil.
"Le transfert des intentions de votes aura peut-être lieu, mais il sera sans doute plus compliqué", ajoute-t-elle.
D'après le dernier sondage de l'institut Datafolha, Lula caracole en tête, avec 39%, 20 points de plus que le deuxième, le député d'extrême droite Jair Bolsonaro. Mais M. Haddad, peu connu du grand public, peine à dépasser les 4%.
Le PT espérait prolonger l'incertitude jusqu'au bout, mettant à profit l'immense popularité de son leader, mais les juges du TSE ont préféré trancher avant la diffusion des premiers spots de campagne des présidentiables à la télévision, ce samedi.
Le tribunal a décidé que Lula ne pourrait plus y être présenté comme candidat, mais a finalement autorisé le PT à utiliser le temps d'antenne qui lui est imparti.
"Le PT a beau pleurnicher, la décision du TSE est un soulagement pour le parti dans sa tentative de rendre viable la candidature d'Haddad", a affirmé samedi Igor Gielow, dans son éditorial sur le site du quotidien Folha de S. Paulo. Pour lui, le PT traînait la candidature de Lula "comme un boulet".
Les autres candidats, eux, se félicitent d'y voir enfin plus clair et tentent de s'engouffrer dans la brèche.
"Je comprends le moment difficile que traverse le PT, le fait que cette décision (de déclarer Lula inéligible) rendra la campagne plus claire pour les électeurs, évitant le traumatisme d'un remplacement à la veille de l'élection", a affirmé sur Twitter le candidat de centre-gauche Ciro Gomes.
Pour la candidate écologiste Marina Silva, "à partir de cette décision du TSE, le processus électoral pourra suivre son cours dans la légalité".
Mais elle en a aussi profité pour réitérer son discours anticorruption, en ajoutant que "la justice doit encore atteindre tous ceux qui sont protégés par un manteau d'impunité".
L'invalidation de la candidature de Lula a également suscité des réactions internationales, notamment de la part de ses alliés traditionnels, comme le président bolivien Evo Morales.
"Nous rejetons cette décision parce qu'elle porte atteinte à la démocratie et à la volonté du peuple brésilien", a-t-il publié sur Twitter.
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