Cette devise a ainsi reculé de plus de 53% depuis le début de l'année par rapport au billet vert.
Jeudi, le peso argentin a enregistré sa plus forte dépréciation en une seule journée depuis que, fin 2015, Mauricio Macri (centre droit) a pris ses fonctions de président, cédant 13,52%.
Des manifestations ont éclaté jeudi soir à Buenos Aires, mais aussi à La Plata, Rosario et Mar del Plata. Pour exprimer leur colère face à la hausse des prix, les manifestants ont frappé sur des casseroles ("cacerolazos"), comme en 2001. Cette année-là, le pays a connu le plus important défaut de paiement de l'histoire et une grave crise économique et sociale.
Des dizaines de milliers de professeurs et étudiants ont également protesté jeudi à Buenos Aires contre les réductions budgétaires imposées aux universités publiques.
Actuellement en proie à une récession et connaissant un risque pays élevé, la troisième économie d'Amérique latine peine à rebondir, malgré le recours au Fonds monétaire international (FMI), qui vient de lui accorder (en juin) un prêt de 50 milliards de dollars.
Dans un pays où les prévisions annuelles pour l'inflation sont supérieures à 30%, la Banque centrale de la République argentine (BCRA) a pris une mesure forte jeudi en augmentant de 15 points son principal taux d'intérêt, de 45 à 60%, afin d'endiguer la dépréciation de la monnaie argentine.
Des marchés pas rassurés
L'annonce mercredi par le président de centre droit Mauricio Macri d'un accord avec le FMI pour avancer les versements du prêt de 50 milliards de dollars n'aura pas suffi à rassurer les marchés, bien au contraire.
Jeudi soir, Nicolas Dujovne, le ministre argentin de l'Economie a, dans un souci d'apaisement, annoncé qu'il sera le 3 septembre au FMI à Washington pour "pour faire avancer" les accords concernant le versement du prêt.
En dépit du marasme économique, le gouvernement se montre confiant quant à l'avenir économique du pays.
Le chef du gouvernement argentin Marcos Pena a ainsi assuré que l'Argentine allait "sortir renforcée du processus de transformation" engagée fin 2015 par le président Macri.
"Il n'y a pas d'échec économique, a-t-il affirmé. C'est un changement profond, nous sommes dans la bonne direction".
Il a attribué les turbulences sur le marché des changes à la "vulnérabilité structurelle" de l'Argentine: "cela fait des décennies que nous avons un problème de déficit budgétaire et rien n'avait été fait pour le résoudre".
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2015, le gouvernement Macri a réduit de 6 à 3,9% du PIB le déficit budgétaire. En juin, l'Argentine a encaissé une première tranche de 15 milliards de dollars du prêt consenti par le FMI. En contrepartie de ce prêt, le gouvernement s'est engagé à encore réduire le déficit, avec un objectif de 2,7% en 2018 et 1,3% en 2019.
Les restrictions budgétaires se font sentir en Argentine dans l'administration publique et dans le secteur privé. Des entreprises ferment, les financements publics diminuent dans tous les domaines et nombre de grands travaux prévus par les autorités sont reportés.
Le ministre de l'Economie a prédit en début de semaine une récession de l'économie argentine en 2018, avec un recul du PIB de 1%, alors que le gouvernement avait tablé fin 2017 sur 3% de croissance pour cette année.
Le géant américain de la grande distribution Wal Mart a annoncé la vente d'une dizaine d'hypermarchés en Argentine.
Un camouflet pour le président
A Wall Street, les actions argentines ont chuté de 10% en moyenne.
Mercredi, Mauricio Macri a essuyé un camouflet à Buenos Aires. Il est intervenu publiquement pour annoncer que l'Argentine demandait au FMI d'accélérer le versement de la deuxième tranche du prêt. Mais les marchés ont réagi négativement.
"Le dollar est la monnaie de réserve par excellence, utilisée par les Argentins pour préserver à long terme la valeur de leur épargne. La demande croît en période d'incertitudes et elle diminue par temps calme", explique Victor Beker, le directeur du Centre d'études de la nouvelle économie (CENE).
Dans son plan initial de relance de l'économie, Mauricio Macri tablait sur un afflux d'investissements étrangers dans les infrastructures, l'énergie, qui aurait alimenté la croissance et créé des emplois. L'attentisme des sociétés étrangères, prudentes, a prévalu et la fragile économie argentine s'est trouvée exposée aux turbulences locales et internationales.
La CGT, la principale centrale syndicale du pays, a appelé à une grève nationale de 24 heures pour le 25 septembre.
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