"La création de ce pôle public financier marque désormais une étape historique dans l'histoire de La Poste, qui a au moins six siècles d'existence", a estimé jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire lors d'une conférence de presse à Bercy.
"Avant la fin de l'année 2019, cette opération conduira la Caisse des dépôts à apporter sa participation dans la CNP à La Poste. La Caisse des dépôts deviendra ainsi l'actionnaire majoritaire de La Poste aux côtés de l'Etat", a détaillé le ministre.
"La Poste restera un grand service public national et une entreprise 100% publique", a martelé M. Le Maire, précisant que le président de La Poste continuerait d'être nommé par le président de la République.
Objectif de l'opération? Permettre à La Poste de trouver de nouvelles sources de revenus. Fragilisée entre autres par l'explosion des messageries en ligne, son activité courrier accuse une baisse de l'ordre de 7% par an, lui faisant perdre 560 millions d'euros de chiffre d'affaires chaque année "en moyenne".
Un nouveau mastodonte financier
Le groupe va aussi renforcer son assise financière en récupérant près de 6 milliards d'euros de fonds propres via l'apport des 42% du capital de CNP Assurances détenus par la Caisse des dépôts.
Fort d'un bilan de plus de 1.000 milliards d'euros, ce nouvel ensemble financier sera "l'un des pôles financiers publics les plus importants au monde", s'est félicité M. Le Maire.
Il aura "pour vocation première le développement des territoires. Il devra aider notamment au financement des collectivités locales, des maisons de services publics, du développement du très haut débit partout en France et de l'accompagnement des personnes âgées", a-t-il ajouté.
Du côté des syndicats de La Poste, l'annonce a été diversement accueillie. Pour la CGT-FAPT, premier syndicat du groupe, c'est une "nouvelle porte qui s'ouvre vers la privatisation". Pour SUD PTT, la montée de la CDC au capital de La Poste se traduira "par un retour sur investissement conséquent" et "donc par une augmentation des suppressions de postes".
Plus modérés, la CFDT, deuxième syndicat, estime que le projet "n'aura pas d'incidences majeures sur le statut" du groupe et Force Ouvrière qu'il va "dans le bon sens" en permettant à la Banque Postale de devenir "une vraie banque-assurance", même si "la vigilance s'impose" en matière de missions de service public.
Car au bout de cette transaction, La Banque Postale entend se développer "sur le modèle des autres bancassureurs français qui sont détenus eux-mêmes par des grands réseaux bancaires, ce qui permettra d'améliorer les synergies opérationnelles entre les deux réseaux", a souligné Eric Lombard, le directeur général de la CDC, arrivé il y a moins d'un an à la tête de l'institution.
Le "modèle multipartenarial (de CNP) va être prolongé mais son ancrage auprès des réseaux de la Banque Postale va être renforcé", a-t-il précisé.
Un projet envisagé depuis longtemps
"C'est un accord gagnant-gagnant pour toutes les parties: la Banque Postale va pouvoir se diversifier dans l'assurance de personnes qui est un secteur encore porteur, la CNP gagner en visibilité et la CDC confirmer son positionnement d'institution stratégique", a déclaré à l'AFP Thomas Rocafull, expert du secteur au sein du cabinet Sia Partners.
Le lancement de cette opération débutera par le dépôt lundi d'un amendement du gouvernement à la loi "Pacte" sur la croissance des entreprises, dont l'examen reprendra au Parlement en septembre.
Envisagé de très longue date au sein des cercles économiques et politiques, ce rapprochement a longtemps tardé à se concrétiser tant les obstacles étaient nombreux: complexité technique du montage financier, mésentente de personnes, difficulté de manoeuvrer des acteurs établis de longue date dans le giron de la sphère publique...
Pour la Caisse des dépôts, le sujet était par ailleurs très sensible: l'institution tire le quart de ses revenus de l'activité de CNP Assurances, premier assureur de personnes en France valorisé en Bourse à près de 14 milliards d'euros.
Mais pour Bruno Le Maire, "ce qui a changé, c'est notre volonté de traiter les problèmes à la racine et de traiter les transformations en profondeur de notre économie".
A LIRE AUSSI.
Caisse des dépôts: "Vieille, riche et conne" selon un livre
Dans la zone euro, un timide parfum de réforme
Banque: Pérol, ex-conseiller de Sarkozy, jugé en appel
Le gouvernement complète ses mesures pour la rénovation énergétique des bâtiments
Réduction du déficit: la Cour des comptes met le gouvernement sous pression
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.