Mercredi en déplacement à Copenhague, M. Macron avait dit son admiration pour la "flexisécurité", inapplicable en France en raison des différences culturelles. "Ce peuple (danois, ndlr) luthérien, qui a vécu les transformations de ces dernières années, n'est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement", a ajouté Emmanuel Macron, dont la volonté affichée de "transformer" la France s'est souvent heurtée à la rigidité supposée des Français.
Un tollé s'en est suivi, dans les rangs politiques et syndicaux.
"Il est quand même inadmissible d'entendre un président de la République critiquer, caricaturer les Français quand il est à l'étranger", a tancé jeudi Laurent Wauquiez, le président du parti Les Républicains (droite), fustigeant un président "qui n'est pas dans son rôle, qui n'a pas compris sa fonction quand il se déplace".
Face à la polémique, M. Macron a assuré jeudi qu'il s'agissait là d'un "trait d'humour", disant son "amour" pour les "tribus gauloises", en référence aux habitants qui peuplaient l'actuelle France avant l'arrivée des Romains et supposés être les ancêtres des Français.
Mais la mise au point n'a pas fait taire les critiques.
L'extrême droite a ainsi vu dans ces propos "condescendants" "une "opération de diversion pour faire oublier les difficultés" intérieures du chef de l'Etat", selon Nicolas Bay, membre du bureau exécutif du RN (ex-FN), citant notamment la démission fracassante du ministre de l'Ecologie, Nicolas Hulot, et l'affaire Benalla, du nom de l'ex-collaborateur de M. Macron poursuivi pour violences
Les syndicats, en pleine bataille contre les réformes tous azimuts du président Macron, ont rejoint le cortège des condamnations, assurant que les Français n'étaient "réfractaires" au changement que quand ce dernier n'était pas celui qu'il désirait.
"Fainéants", "bordel", "illettrées"
"Il existe beaucoup d'irréductibles Gaulois attachés au modèle social, attachés au progrès social, qui encore et toujours luttent contre les régressions qui sont organisées", a lancé Pascal Pavageau, le numéro un du syndicat modéré Force Ouvrière.
"On est réfractaire quand on nous impose des choses", avait déjà dit dès mercredi Philippe Louis, du syndicat CFTC. "A partir du moment où c'est dans la concertation, où on est écouté, où nos lignes rouges sont respectées, le changement est possible", a-t-il assuré, en référence aux multiples critiques des syndicats sur ce qu'ils considèrent comme une absence de dialogue avec le président.
La dernière sortie de M. Macron est intervenue le jour-même où les syndicats entamaient une série de rencontres avec le Premier ministre Edouard Philippe pour discuter des chantiers potentiellement explosifs de l'automne: la retraite et de l'assurance-chômage.
La nouvelle "macronade" de mercredi fait écho à la saillie présidentielle de l'été 2017, également lors d'un déplacement à l'étranger, cette fois-là en Roumanie.
"La France n'est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n'y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes", avait-il alors déclaré. Depuis la Grèce, où il s'était rendu en septembre 2017, Emmanuel Macron avait aussi défrayé la chronique en promettant de ne rien céder, "ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes."
En octobre 2017, cette fois-là en France, il avait répondu à un responsable local qui évoquait les difficultés à recruter d'une entreprise: "Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas", avait dit le président en référence à des manifestants protestant contre leur licenciement de l'équipementier automobile GM&S.
En septembre 2014, alors qu'il venait d'être nommé ministre, il avait parlé des salariées "illettrées" d'un abattoir breton, après le licenciement de près de 800 personnes.
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