Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a détaillé mercredi les grandes lignes de sa politique éducative, à quelques jours de la rentrée des 12,4 millions d'élèves et 881.000 enseignants, lors de sa rituelle conférence de presse. Il s'agit d'"amplifier le sillon, les perspectives ouvertes" l'an passé, a-t-il résumé.
Ainsi, la réduction des effectifs dans les classes des quartiers défavorisés se poursuit. L'an dernier, elle concernait les CP des réseaux d'éducation prioritaire renforcés (REP+). Elle va cette année s'étendre à tous les CP des quartiers défavorisés (REP), soit 3.200 classes, et à 75% des CE1 en REP + (1.500 classes).
Au total 190.000 élèves sont concernés par la mesure.
Cette réduction d'effectifs, qui permet de consacrer plus de temps aux enfants en difficulté, est plébiscitée par les enseignants. Mais des syndicats redoutent un manque de locaux: il faut en effet deux salles là où il n'en fallait qu'une jusqu'alors.
"Seules 10 à 15% des classes vont rencontrer un problème logistique à la rentrée", a rassuré le ministre, pour qui il s'agit de la "plus importante mesure de justice sociale".
"On étend le dispositif mais on voit qu'il s'essouffle", juge le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, affirmant que des postes sont ponctionnés ailleurs, notamment dans les écoles rurales.
Le SE-Unsa, autre syndicat d'enseignants, se demande lui si l'avantage tiré de ces petits effectifs survivra au passage dans des classes "très chargées" à partir du CE2.
Comme annoncé, les tests d'évaluations seront renforcés: les élèves de CP en passeront deux (septembre et février), les CE1 en septembre, les sixièmes en octobre, et les lycéens de Seconde auront, eux, un "test de positionnement" peu après la rentrée.
Semaine de 4 jours
Pour le ministre, les résultats des évaluations de CP permettront notamment d'apporter des indications aux professeurs de maternelle sur les besoins des élèves. "Le but n'est pas de faire peur", a dit M. Blanquer, quand les syndicats redoutent un "effet anxiogène" et une mise en concurrence des établissements.
Cette année verra aussi la plupart des écoles revenir à la semaine de quatre jours: 85% des communes, représentant un peu plus de 80% des élèves, selon les chiffres du ministre. Peu après son arrivée au ministère, il avait donné aux maires cette "liberté nouvelle", dont ils se sont emparés massivement.
L'abandon d'une demi-journée satisfait les communes (cela leur coûte moins cher) et les enseignants mais nuit aux élèves en difficulté, se désolent des experts. "Quand je suis arrivé, j'ai trouvé une situation d'hétérogénéité incroyable" avec des calendriers hebdomadaires variables selon les endroits, a répliqué le ministre.
Au collège, la principale nouveauté sera l'interdiction du portable, votée en juillet au Parlement. Les téléphones ne pourront plus être utilisés qu'à des fins pédagogiques avec les professeurs et leur confiscation par le corps enseignant sera autorisée.
Aux établissements de choisir la modalité d'interdiction: en imposant de l'éteindre, ou en installant des casiers pour les déposer à l'arrivée au collège, a précisé le ministre.
Dans les faits, "la majorité des collèges avaient déjà régulé l'utilisation du portable via leur règlement intérieur", rappelle Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat des chefs d'établissement.
Au lycée, les élèves de Seconde sentiront les tout premiers effets de la réforme du bac, qui instaurera un nouvel examen à partir de juin 2021. Leur planning comprendra dès cette année 54 heures consacrées à l'information sur l'orientation, après les vacances de la Toussaint.
Et en fin d'année, ceux qui se dirigent en Première générale devront choisir trois enseignements de spécialité et non plus une série (S, ES ou L), supprimées à partir de la rentrée 2019.
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