Alors que le chômage ne reflue presque pas - 9,1% au deuxième trimestre - et en plein milieu d'annonces budgétaires qui suscitent du mécontentement, toutes les organisations de salariés et d'employeurs seront reçues d'ici le début de la semaine prochaine.
Mi-juillet, le président Emmanuel Macron, souvent accusé de contourner les corps intermédiaires, avait réuni leurs représentants tous ensemble pour leur exposer la suite des réformes.
Parmi les nouveaux venus dans le paysage économique et social : le successeur de Pierre Gattaz à la tête du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, mais aussi Pascal Pavageau, qui a succédé à Jean-Claude Mailly à la tête de Force ouvrière.
Philippe Martinez (CGT) et Philippe Louis (CFTC) ouvriront le bal à Matignon mercredi après-midi, suivis jeudi par Pascal Pavageau (FO), François Hommeril (CFE-CGC), Geoffroy Roux de Bézieux (Medef), Alain Griset (U2P, artisans, commerçants et professions libérales). François Asselin (CPME) et Eric Beynel (Solidaires) seront reçus vendredi. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, la semaine prochaine.
Officiellement au menu : la réforme de l'assurance chômage, puisqu'à la surprise générale, Emmanuel Macron a demandé que ce sujet soit rouvert et que soient révisées les règles d'indemnisation des demandeurs d'emploi.
Pourtant, la loi "avenir professionnel" adoptée par le Parlement cet été comprend un volet sur l'assurance chômage. Mais la réforme n'était pas "systémique", elle appelait des mesures plus profondes, a défendu Muriel Pénicaud, la ministre du Travail.
Arrêts maladie en hausse
Le gouvernement assure que si la négociation n'aboutit pas sur l'instauration d'un bonus-malus pénalisant les entreprises qui abusent des contrats précaires, il le mettra en place. Cette menace plane sur le patronat, hérissé par la mesure, depuis le début du quinquennat puisqu'il s'agit d'une promesse du candidat Macron.
Autre sujet de discussion : la santé au travail, thème sur lequel les partenaires sociaux pourraient négocier dans les prochaines semaines, et "l'organisation du système d'indemnisation des arrêts maladie".
S'il a écarté l'idée, combattue par le patronat, d'un "transfert brutal" du financement des arrêts de courte durée de la Sécurité sociale vers les entreprises, Edouard Philippe souhaite que les partenaires sociaux trouvent des solutions pour que l'absentéisme cesse d'augmenter.
Muriel Pénicaud, qui sera présente avec la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, à ces rencontres, avait pris la plume pour dénoncer ce projet susceptible "de mettre un coup d'arrêt net à la perception d'un gouvernement +pro-business+".
Mais "est-ce que la Sécurité sociale est là pour payer des arrêts maladie extrêmement courts qui augmentent de façon incompréhensible ?", s'est interrogée Agnès Buzyn mercredi sur Radio Classique, évoquant une progression des arrêts maladie de 4% par an.
"Nous avons besoin de réfléchir avec les partenaires sociaux sur les conditions de travail, sur les abus. Rien n'est arrêté, par contre, nous devons réfléchir collectivement - entreprises, médecins, partenaires sociaux et citoyens", a-t-elle souligné.
Après la remise mardi d'un rapport par la députée LREM Charlotte Lecocq sur la santé au travail et notamment la prévention, CGT, FO et Unsa se sont montrées critiques.
Mais outre ces deux thèmes, les annonces budgétaires faites dimanche vont sans doute s'inviter dans le bureau d'Edouard Philippe.
L'augmentation très modérée des pensions de retraite, des allocations familiales et allocations logement va pénaliser les plus précaires et sera inefficace pour lutter contre le chômage, ont protesté la CFDT, la CGT et FO.
"A travers ces sujets budgétaires se pose à nouveau la question du projet de société, du modèle économique, social et environnemental que le gouvernement entend porter et avec qui", s'est interrogé de son côté l'Unsa, à quelques mois d'une autre réforme d'ampleur : celle des retraites.
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