Cette tribune co-signée par 103 journalistes est publiée ce mardi par l'AFP sur son site () et diffusée par plusieurs médias européens (dont Le Monde, Le Figaro, le JDD, La Libre Belgique, le quotidien allemand Tagesspiegel...), alors que le Parlement européen a rejeté début juillet une réforme du droit d'auteur, qui prévoyait la création d'un tel droit.
Les GAFA ont mené une campagne de lobbying d'une intensité sans précédent au niveau des instances européenne contre cette réforme, arguant notamment qu'elle risquait de miner la gratuité d'internet.
"En plus de 40 ans de carrière, j'ai vu le nombre de journalistes sur le terrain diminuer de manière constante alors que les dangers n'ont cessé de croître. Nous sommes devenus des cibles et les reportages coûtent de plus en plus cher", plaide l'appel aux eurodéputés lancé par Sammy Ketz, directeur du bureau de l'AFP à Bagdad, et qui a couvert de nombreux conflits pour l'agence de presse.
"Finie l'époque où j'allais à la guerre, en veste, ou en bras de chemise, un carnet dans ma poche, aux côtés du photographe ou du vidéaste. Aujourd'hui, il faut des gilets pare-balles, des casques, des voitures blindées, parfois des gardes du corps pour éviter d'être enlevés, des assurances. Qui paie de telles dépenses ? Les médias et cela est onéreux", poursuit le texte, cosigné par des journalistes de renom comme la française Florence Aubenas, l'allemand Wolfgang Bauer, le britannique Jason Burke, ou le photographe suédois Paul Hansen.
"Or les médias qui produisent les contenus et qui envoient leurs journalistes risquer leur vie pour assurer une information fiable, pluraliste et complète, pour un coût de plus en plus élevé ne sont pas ceux qui en tirent les bénéfices mais des plateformes qui se servent sans payer. C'est comme si vous travailliez mais qu'une tierce personne récoltait sans vergogne et à l'œil le fruit de votre travail", poursuit l'appel.
"Désormais, (les médias) veulent faire valoir leurs droits pour pouvoir continuer à informer, ils demandent que soient partagées les recettes commerciales avec les producteurs de ces contenus, qu'ils soient médias ou artistes. C'est ça les +droits voisins+", ajoute le document, rejettant au passage "le mensonge colporté par Google et Facebook selon lequel la directive sur les +droits voisins+ menace la gratuité d'internet".
"Il s'agit de la défense de la liberté de la presse, car si les journaux n'ont plus de journalistes, il n'y aura plus cette liberté à laquelle les députés, quelles que soient leurs étiquettes politiques, sont attachés", conclut la tribune, avant d'appeler les eurodéputés à "voter massivement en faveur de l'application de +droits voisins+ aux entreprises de presse pour que vivent la démocratie et un de ses symboles les plus remarquables: le journalisme".
La réforme du droit d'auteur dans l'UE, qui divise les eurodéputés au sein même de leurs groupes politiques, sera à nouveau débattue lors de la session plénière de septembre par l'ensemble des parlementaires, qui pourront l'amender avant un nouveau vote.
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