Symbole fort qui n'a échappé à personne: à la Maison Blanche, les drapeaux mis en berne au cours du week-end étaient de nouveau déployés à pleine hauteur lundi matin, contrairement à ceux du Capitole.
Le contraste est saisissant: depuis le décès samedi à 81 ans du sénateur républicain au verbe haut, les hommages s'accumulent, des deux côtés de l'échiquier politique, mais aussi à travers le monde. Lundi matin, un moment de silence a été observé à la Bourse de New York en son honneur.
Le locataire de la Maison Blanche, lui, s'en est tenu à un tweet laconique, dans lequel il a adressé ses condoléances à la famille. Contrairement à son vice-président, Mike Pence, ou à sa femme, Melania, il n'a pas dit un mot sur la vie, le parcours ou les combats de cet homme qui a siégé pendant plus de 35 ans au Congrès et fut deux fois candidat à la Maison Blanche.
Selon le Washington Post, M. Trump a refusé la publication d'un communiqué préparé par ses services, dans lequel l'ancien prisonnier de la guerre du Vietnam y était qualifié de "héros".
La rupture avec les codes et les usages de la politique américaine fut la marque de fabrique du candidat Trump. Elle est aussi, dans une large mesure, celle du président Trump. Mais le fait qu'il pousse cette logique aussi loin, dans un pays friand de moments - même éphémères - d'unité nationale, a surpris, choqué.
Funérailles nationales
Or, le malaise devrait perdurer, car les hommages à l'élu octogénaire dont Barack Obama a loué le "courage" hors-du-commun, vont s'étaler sur toute la semaine.
Après avoir été présenté mercredi au capitole de l'Arizona, son cercueil sera transporté à Washington, où il sera présenté vendredi au public dans la rotonde du Capitole, un honneur réservé aux grands personnages de l'histoire des Etats-Unis, comme John F. Kennedy, Ronald Reagan ou encore Rosa Parks.
Les funérailles nationales auront lieu samedi dans l'imposante cathédrale de la capitale fédérale, en présence de nombreux élus et dignitaires américains et étrangers.
Les anciens présidents Barack Obama et George W. Bush, un démocrate et un républicain, devraient prononcer des éloges funèbres, à sa demande. L'absence probable de l'actuel locataire de la Maison Blanche ne devrait en être que plus criante.
Selon les médias américains, John McCain avait expressément demandé à ce que le président ne soit pas présent à ses funérailles.
Candidat malheureux à la présidentielle de 2008 face à Barack Obama, M. McCain avait dit en 2016 qu'il ne voterait pas pour Donald Trump, désigné par son parti pour affronter Hillary Clinton.
Consterné par le discours de repli nationaliste et protectionniste du milliardaire, il dénonçait aussi ouvertement --et avec une liberté de ton sans équivalent dans le camp républicain-- le style et les provocations de l'ancien homme d'affaires de New York.
Donald Trump, lui, ne ratait pas une occasion, lors des meetings électoraux, de rappeler que John McCain avait fait capoter l'abrogation partielle de l'Obamacare, tant souhaité par le président.
La Maison Blanche a pour l'instant opté pour le silence sur cette nouvelle polémique, politiquement très difficile à gérer tant l'ombre de l'ancien sénateur républicain est imposante.
Sur CNN, son ancien conseiller Marc Short s'est en pris... aux journalistes.
"Les médias essayent de mettre en cause le président, mais je pense que c'est en réalité respectueux de sa part de garder une certaine distance et de permettre à la famille de célébrer la vie de John McCain", a-t-il affirmé.
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