"La prévision de croissance sur laquelle nous bâtirons ce budget sera de 1,7 %", a indiqué le Premier ministre dans un entretien au Journal du Dimanche, alors que le gouvernement tablait sur 1,9% jusqu'à présent.
Le 1er août, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin avait également abaissé la prévision de croissance pour 2018, qui était de 2% jusqu'alors, estimant qu'elle ne serait "pas inférieure à 1,8%" après le trou d'air traversé par l'économie française en début d'année.
M. Darmanin avait en revanche précisé que l'objectif de 2,3% de déficit était maintenu pour l'année en cours.
M. Philippe a concédé, au contraire, que "si la croissance ralentit, il y aura forcément un impact" sur le déficit.
Martelant que "nous gardons le cap et nous maintenons le rythme" des réformes, le Premier ministre a assuré que le ralentissement de l'économie "ne nous empêchera pas d'être dans la ligne de nos engagements, sur la baisse des prélèvements obligatoires comme sur la maîtrise de la dépense publique et de la dette".
Pour ce faire, trois prestations sociales - "l'aide personnalisée au logement, les allocations familiales, les pensions de retraite" - "progresseront de façon plus modérée, de 0,3 % par an en 2019 et en 2020 ", a révélé M. Philippe. C'est nettement moins que l'inflation, attendue par l'Insee à 1,7% en fin d'année.
En revanche, "les prestations qui bénéficient à nos concitoyens les plus fragiles, comme le RSA, seront augmentées conformément à la loi", a-t-il ajouté.
Le Premier ministre a exprimé l'intention du gouvernement de soutenir le pouvoir d'achat des salariés en annonçant que "dès le 1er septembre 2019, les cotisations salariales sur les heures supplémentaires seront supprimées pour tous les salariés", soit "en moyenne plus de 200 euros supplémentaires par an" pour "une personne payée au Smic". Une mesure qui coûtera "2 milliards" d'euros.
"Dans la poche des classes moyennes"
Dans ses arbitrages, le gouvernement a fait le choix d'une politique "qui privilégie (...) la rémunération de l'activité et qui rompt avec l'augmentation indifférenciée des allocations", a expliqué le locataire de Matignon. "C'est par le retour à l'activité et une meilleure rémunération du travail que notre pays sera plus prospère".
Mais pour les oppositions, la désindexation de plusieurs prestations sociales ne passe pas.
"Au lieu d'assumer enfin des économies courageuses sur le train de vie de l'Etat, on vient de nous annoncer que c'est à nouveau dans la poche des classes moyennes que l'on va chercher les efforts", a déploré Laurent Wauquiez, le président des Républicains (LR), lors de son discours de rentrée en Haute-Loire, jugeant "injustes" les mesures annoncées.
"Il est temps de dire (à Emmanuel Macron) que les Français n'en peuvent plus et sont en colère. Rendez l'argent aux Français !", a-t-il lancé.
Le député PS Boris Vallaud a, quant à lui, reproché au gouvernement de ne "pas changer une méthode qui échoue". "En baissant le niveau réel des aides sociales, le gouvernement entend donc couper la cordée pour que nos champions puissent battre de nouveaux records en 2019 !" a-t-il ajouté, en évoquant la hausse des dividendes aux actionnaires.
Jean-Luc Mélenchon, de son côté, a dénoncé une "saignée". "Ca va être terrible, ça va être très dur pour les gens (...), pour ceux qui n'auront plus leurs prestations de toutes sortes", a-t-il anticipé.
Le chef des Insoumis a aussi dénoncé les nouvelles coupes prévues dans les effectifs de fonctionnaires. Edouard Philippe a annoncé la suppression d'environ 4.500 postes dans la fonction publique d'Etat en 2019, et le chiffre sera "supérieur à 10.000 en 2020". "Nous tiendrons l'objectif du président de la République de supprimer 50.000 postes à l'horizon 2022", selon lui.
Pour M. Mélenchon, "l'Etat administratif s'effondre" et "M. Macron est absolument illuminé par l'idée que le secteur privé va remplacer le secteur public qui est de trop".
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Fonction publique: suppression de 1.600 postes à l'Etat en 2018
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