En présentant, comme chaque année, sa feuille de route diplomatique, le président français rappellera ses objectifs pour le continent : un budget pour la zone euro, une Europe de la défense, une taxation européenne des géants du numérique ou encore une politique commune pour les migrants.
Accueilli comme un sauveur de l'Europe l'an dernier, le président français a vu ses ambitions diluées dans l'inertie d'une union de pays aux intérêts souvent divergents.
Ses grands projets se heurtent aux gouvernements populistes et nationalistes, depuis l'Europe de l'est jusqu'à l'Italie, au refus des riches pays du nord de payer pour les autres, à la concurrence fiscale entre les 28 et à la crainte d'un afflux de migrants, sans oublier les difficiles négociations du Brexit. Même Angela Merkel, l'alliée traditionnelle, a été affaiblie par ses déboires électoraux.
Pour chercher des alliés, le chef de l'Etat repart en mini-tournée européenne, en s'envolant mardi pour trois jours au Danemark et en Finlande. Il aura rendu visite à plus de la moitié de ses homologues européens en un an.
Emmanuel Macron devrait également rappeler lundi ses priorités mondiales : la sécurité, la lutte contre le terrorisme, les "biens publics mondiaux" (climat, éducation, aide au développement...) et, dans une approche plus nationale, l'attractivité de la France et la francophonie.
Mais depuis l'an dernier, "le monde a beaucoup changé avec la montée des nationalismes et la crise du multilatéralisme. Il faut être encore plus dynamique pour s'adapter à ces évolutions", reconnaissent les conseillers de l'Elysée.
Embrassades et accolades n'y ont rien fait : Donald Trump a sabordé le G7 et l'accord sur le nucléaire iranien, déclenché une guerre commerciale mondiale et réclame aux Européens des sommes massives pour maintenir l'Otan.
Au sein même de l'Europe, la Hongrie, la Pologne et maintenant l'Italie mènent une politique eurosceptique et anti-migrants, qui oblige Paris à rechercher un "arc progressiste" pour les contrer.
Cet été, une dizaine d'Etats membres ont dû en urgence se répartir des migrants que Rome refusait. Les discussions sur un mécanisme coordonné pérenne achoppent sur le refus de l'Italie, qui a menacé vendredi de suspendre sa contribution au budget de l'UE.
Conscient que l'opposition veut transformer les élections européennes de mai prochain en "référendum anti-Macron", comme l'a déjà annoncé Jan-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron devra aussi démontrer que ses efforts internationaux bénéficieront directement aux Français. "Il n'y a aucune coupure entre les réformes en France et l'action internationale", selon l'Elysée.
Mastodonte
"On est davantage dans des négociations sur les modalités, comme sur le budget de la zone euro, et moins dans la grande avancée" qu'il y a un an, analyse Claire Demesmay, de l'Institut allemand de politique étrangère.
"Les grands compromis seront bouclés d'ici la fin 2019. Va-t-il réussir à faire bouger l'Europe ?", s'interroge François Heisbourg, président de l'IISS (International Institute for Strategic Studies) de Londres. "Il est le seul leader en Europe aujourd'hui. Angela Merkel a des marges de manœuvre limitées et l'Europe ne peut avancer que si la France et l'Allemagne marchent ensemble. Macron ne peut pas être leader tout seul".
L'expert souligne aussi la nécessité pour le président français d'établir un dialogue avec Rome, partenaire indispensable.
Sur les migrants, sur l'Europe qui protège, "Emmanuel Macron a besoin de résultats et pas seulement d'ambitions, pour arriver armé aux élections européennes", renchérit Manuel Lafont-Rapnouil, de l'institut de recherches European Council on Foreign Relations.
"Quand Macron a été élu, tout le monde a cru que la vague populiste allait reculer, qu'avec Merkel il allait former un tandem formidable auquel rien ne résisterait. Personne ne s'attendait à ce que le résultat électoral de Merkel soit si mauvais pour elle. Mais cela fait longtemps que le tandem franco-allemand ne suffit plus à entraîner toute l'Europe".
leb-vl/chr/phc
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