"Quand on voit l'ampleur de la misère et des problèmes du pays en matière de santé, d'éducation, d'environnement, c'est terrible de savoir que plus de trois milliards de dollars ont été gaspillés" déplore Bernard Gotchen, 33 ans.
Au milieu de la foule rassemblée devant un bâtiment administratif en charge de superviser la gestion des fonds publics, Bernard porte avec fierté son t-shirt sur lequel figure un des slogan repris sur les réseaux sociaux: "Kote kob Petrocaribe a?" (Où est l'argent Petrocaribe? en créole).
Le mouvement "Petrocaribe Challenge", lancé mi-août sur Twitter par des personnalités du milieu culturel haïtien, appelait les internautes à se photographier en tenant une pancarte pour demander des comptes à la justice.
Cette campagne citoyenne virtuelle s'est concrétisée vendredi en rassemblant plusieurs centaines de personnes, en majorité des jeunes qui n'avaient pour la plupart jamais manifesté.
Depuis 12 ans, Haïti bénéficie du programme Petrocaribe, initié par l'ancien président vénézuélien Hugo Chavez, qui permet à plusieurs pays d'Amérique latine et des Caraïbes d'acquérir des produits pétroliers à un coût avantageux, et de payer leurs factures sur 25 ans à un taux d'intérêt de 1%.
"Quand le Venezuela a donné ce programme, c'était certainement avec l'idée que tous les petits pays arrêtent de subir les gros taux d'intérêts du FMI et des autres instances internationales: ils nous ont donné un petit taux d'intérêt pour qu'on puisse se développer. Donc tous ceux qui ont volé l'argent doivent aller en prison" assure avec fermeté Gerdy Ithamar Pierre-Louis, étudiante en droit de 23 ans.
Scandant des slogans réclamant l'arrestation des corrompus, de nombreux manifestants brandissaient les portraits d'anciens ministres et hauts fonctionnaires qu'ils accusent d'avoir mal géré, sinon dépensé à des fins personnelles, les fonds Petrocaribe.
En 2016 puis en 2017, deux enquêtes du sénat haïtien sur le mauvais usage de près de 2 milliards de dollars de ce fond avaient épinglé une douzaine d'anciens ministres, du parti actuellement au pouvoir, mais jamais les rapports n'avaient pas été suivi de poursuites judiciaires.
"Je suis réaliste: je sais qu'il n'y a pas de justice dans mon pays et c'est pour ça qu'on est là." conclut Gerdy Ithamar.
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