"Oui, il y a une inquiétude légitime chez les éleveurs" confirme Pascal Férey, président de la chambre d'agriculture de la Manche. Ils sont 830 dans le département à fournir leur lait à la nouvelle usine des Maîtres Laitiers du Cotentin (MLC), basée à Méautis. La production de lait à destination de la Chine y est à l'arrêt depuis le mercredi 1er août 2018, et le contrat avec Synutra "suspendu". Les éleveurs ont investi 116 millions d'euros pour construire cette usine. "Synutra doit déjà de l'argent, mais cet argent est couvert par les assurances. Des assurances que l'on paie…" poursuit le président de la chambre.
Pas d'impact sur la collecte
L'arrêt de la production n'a pour le moment aucun impact sur la collecte, et les éleveurs interrogés font part de leur confiance en la coopérative. Mais les enjeux sont importants : la perspective du contrat chinois a poussé certains à investir. MLC avait en effet proposé aux exploitations volontaires de produire 20 % de lait en plus. "Chez moi, j'ai créé des logettes pour les vaches. Mais d'autres ont réalisé de gros investissements, comme des robots de traite" témoigne Paul-Albert Mouchel, qui élève une centaine de vaches à Tollevast. Il constate aussi que l'on "vend plus de vaches dans le nord-Cotentin. L'usine a créé une dynamique".
Celui qui est aussi vice-président des Jeunes Agriculteurs appelle néanmoins à relativiser. "Le bras armé de MLC, c'est France Frais. On a la chance de posséder un grossiste et une filière de distribution pour la restauration qui sont les principaux débouchés pour les producteurs".
Toujours pas d'agrément
Même si la situation de l'usine de Carhaix (Finistère), également en contrat avec Synutra, "amène de l'ombre au sujet" selon Pascal Ferey, "la différence est que celle de Méautis appartient aux producteurs" estime Ludovic Blin, président de la commission lait à la FDSEA de la Manche. Le gros caillou dans la chaussure de Maîtres Laitiers reste l'agrément pour fournir du lait infantile à la Chine, qui tarde à venir. "La conséquence de l'affaire de l'usine Lactalis de Craon (Mayenne)", selon Pascal Férey.
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