Le locataire de la Maison Blanche a vécu un mardi noir avec deux de ses anciens proches sur les bancs de la justice, l'un reconnu coupable, l'autre plaidant coupable et impliquant directement le milliardaire républicain.
Ces deux affaires ne sont pas directement liées à la tentaculaire enquête russe menée par Robert Mueller sur les soupçons de collusion entre l'équipe de campagne de Trump et Moscou, mais les attaques incessantes du président suggèrent au minimum que ce dernier est extrêmement inquiet.
La question de l'impeachment, procédure de destitution du président par le Congrès, a par ailleurs été publiquement évoquée par M. Trump, interrogé par Fox News lors d'une interview jeudi matin.
Selon les experts, le dirigeant dispose de trois options stratégiques. Aucune n'est idéale.
Coopérer avec Mueller
Donald Trump ne cesse de répéter qu'aucun crime n'a été commis, dénonçant "une chasse aux sorcières". Mais il évite depuis des mois d'être interrogé par M. Mueller.
"Il devrait absolument adopter et embrasser une stratégie de transparence", suggère à l'inverse Eric Freedman, professeur de droit constitutionnel à l'université Hofstra dans l'Etat de New York.
Une telle option signifierait cesser les critiques récurrentes contre cette enquête et ne plus soutenir son ancien directeur de campagne Paul Manafort, reconnu coupable de fraude bancaire et fiscale.
Pour Robert Bennett, avocat pénaliste ayant travaillé aux côtés de l'ancien président Bill Clinton dans les années 90, cette stratégie n'est cependant plus d'actualité.
Donald Trump et son entourage "ont décidé il y a longtemps d'attaquer le procureur spécial. Il serait difficile maintenant d'avoir un volte-face", confie ce juriste à l'AFP.
"Selon moi, il ne pourrait pas coopérer honnêtement sans se compromettre lui-même", avance-t-il également.
Coopérer pourrait aussi mettre le président dans une position difficile à tenir, si, comme beaucoup l'imaginent, son fils Donald Trump Jr. et d'autres membres de sa famille sont dans le viseur du procureur.
Attaquer et gagner du temps
L'autre option est donc de jeter toutes ses forces dans la bataille des élections législatives de novembre pour éviter que l'une des deux chambres du Congrès repassent aux mains des démocrates et s'épargner ainsi la menace de la procédure de destitution.
Sa stratégie actuelle est de tenter de convaincre que l'enquête Mueller est en réalité une opération des démocrates.
La Maison Blanche exige par ailleurs que l'équipe Mueller respecte une politique du ministère de la Justice voulant que les procureurs n'entament aucune action pouvant être défavorable à tout candidat dans les 60 jours précédant une élection.
"Je ne vois personne dans les élections de novembre liée à ceux visés par l'enquête", tempère cependant Michael German, ancien agent du FBI et expert au Brennan Center for Justice.
Pour M. Bennett, une stratégie possible est celle de la diversion.
"Mon boulot était de faire sortir cette affaire Jones de la couverture médiatique quotidienne", raconte cet ancien avocat de Bill Clinton à propos de Paula Jones qui poursuivait le président pour harcèlement sexuel.
Si Donald Trump, ou quelqu'un de sa famille fait face à des accusations, la stratégie de bloquer le dossier pour des questions constitutionnelles pourrait permettre au camp du président de gagner du temps, éventuellement jusqu'à la fin de son mandat.
"Peu importe le dénouement, ce serait probablement mieux pour lui", parie M. Bennett.
L'option radicale
Donald Trump pourrait aussi renvoyer M. Mueller et mettre fin à l'enquête. Il l'a répété à plusieurs reprises sans s'avancer concrètement vers une "option nucléaire" qui rappelle aux républicains de mauvais souvenirs.
En octobre 1973, Richard Nixon avait ainsi fait renvoyer le procureur spécial en charge de l'affaire du Watergate. Le soutien au président s'est effrité par la suite et son remplaçant a poursuivi les investigations.
Près d'un an plus tard, M. Nixon a démissionné devant la menace d'une probable destitution.
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