José Maria Marin, 86 ans, avait été déclaré coupable en décembre dernier de six chefs d'inculpation, pour participation à la corruption de la fédération, fraude bancaire et blanchiment d'argent, au terme d'un procès-fleuve à New York sur la corruption au sein de la puissante instance de direction du football mondial.
M. Marin "aurait pu et dû dire +non+ au lieu de tendre la main et d'entrer dans le jeu" de la corruption qui minait les responsables du football d'Amérique latine, a déclaré la juge fédérale de Manhattan Pamela Chen en annonçant sa sentence.
Il "dit aimer le sport, mais lui et ses co-conspirateurs étaient le cancer du sport qu'il dit aimer", a ajouté la juge qui a présidé au dossier Fifa.
L'accusation avait requis contre lui 10 ans de prison, tandis que la défense voulait limiter la peine à 13 mois de détention, vu son âge et sa santé fragile.
Des témoins avaient affirmé lors du procès que M. Marin et son numéro deux, Marco Polo del Nero, avaient touché à eux deux quelque 6,55 millions de dollars de pots-de-vin, versés par des sociétés de marketing sportif en échange de l'octroi des droits de diffusion télé et de promotion de grands tournois de football sud-américains.
Mourir en prison
Les dépositions avaient étalé au grand jour la corruption entourant le sport le plus populaire au monde, exposant le train de vie luxueux de M. Marin et d'autres barons du football d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale.
Détenu depuis le 22 décembre à la prison de Brooklyn, M. Marin a comparu mercredi en tenue beige de prisonnier.
Il n'a pas demandé pardon à l'audience, ni exprimé de remords. Mais il a lu une lettre, assurant qu'il ne savait pas au moment des faits que ce qu'il faisait été répréhensible.
Evoquant son épouse de presque 60 ans devant la juge, il a éclaté en sanglots: "Je peux mourir en prison (...) L'héritage de ma femme et de ma famille, ne leur enlevez pas les moyens de survivre!"
"Je suis très malade, je suis un homme sans avenir", a-t-il ajouté.
M. Marin a aussi été condamné à payer 1,2 million de dollars d'amende et à rembourser les 3,3 millions de dollars de pots-de-vin qu'il a perçus.
Une audience devrait avoir lieu en octobre pour arrêter les sommes à restituer aux victimes -- la Fifa, la confédération sud-américaine Conmebol et la Concacaf, confédération pour l'Amérique du Nord, centrale et les Caraïbes.
Les avocats de M. Marin avaient tenté de faire valoir au procès qu'en dépit de son titre formel de président de la puissante fédération brésilienne, il ne décidait rien sans Marco Polo del Nero, également inculpé par la justice américaine, mais qui a réussi à éviter l'extradition.
Corruption toujours d'actualité
Le procès a couronné des années d'enquête internationale par la police fédérale (FBI) et les services fiscaux américains, partis sur la trace de la Fifa en 2010, après l'attribution du Mondial-2022 au Qatar au détriment de la candidature américaine.
L'enquête avait été révélée au grand jour en mai 2015, avec l'arrestation à Zurich de M. Marin et d'autres responsables du football, en marge du congrès de la Fifa.
Si elle a provoqué la démission de l'ex-président de la Fédération internationale Sepp Blatter, la question de la corruption autour des juteux droits télévisés continue d'ébranler les grands du football.
Le patron du PSG et de BeIN Media, le Qatari Nasser Al-Khelaïfi, et l'ex-adjoint de M. Blatter, le Français Jérôme Valcke, sont aujourd'hui accusés par la justice suisse de corruption autour de l'attribution de droits télé des Coupes du monde 2026 et 2030. Des accusations qu'ils démentent.
Au total, la justice américaine a inculpé 42 responsables du football mondial, essentiellement des Sud-Américains, mais aussi des Américains comme Chuck Blazer, témoin-clé du FBI décédé en juillet 2017.
D'autres encore ont réussi à éviter leur extradition aux Etats-Unis, comme l'ancien vice-président de la Fifa Jack Warner, de Trinité-et-Tobago, ou Marco Polo del Nero, toujours en liberté au Brésil, même s'il a été exclu à vie de toute activité dans le football.
M. Marin avait été déclaré coupable en décembre en même temps que Juan Angel Napout, un Paraguayen ex-président de la Conmebol, accusé d'avoir perçu 10,5 millions de dollars de pots-de-vin. Napout, 60 ans, devrait connaître sa peine le 29 août.
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