La BCV a indiqué mardi que le nouveau taux était de 68,65 bolivars souverains pour un euro, équivalant à environ 60 bolivars souverains pour un dollar.
Le précédent taux officiel équivalait à quelque 2,48 bolivars souverains pour un dollar. Exprimé en bolivars forts, la monnaie en vigueur jusqu'à lundi, cela reviendrait à le faire passer de 248.210 à 6.000.000 de bolivars forts pour un billet vert.
Selon le président socialiste Nicolas Maduro, le bolivar souverain est indexé à la valeur du petro, la cryptomonnaie vénézuélienne avec laquelle le gouvernement entend contourner le manque de liquidités et les sanctions financières des Etats-Unis.
C'est la première fois qu'un pays adosse sa monnaie sur une cryptomonnaie. Les prix et les salaires seront fixés dans les deux monnaies.
Et chaque petro, selon le chef de l'Etat, équivaut à environ 60 dollars, sur la base du prix du baril de pétrole vénézuélien, soit 3.600 bolivars souverains.
Dans les rues de Caracas, de longues files étaient visibles aux distributeurs et les Vénézuéliens commençaient à échanger leur nouvelle monnaie.
Un appel à une grève générale de 24H mardi a été lancé par l'opposition pour protester contre les décisions du gouvernement, mais elle semblait partiellement suivie, seuls quelques commerces restant fermés.
"Les banques sont en train de travailler et de distribuer du liquide (...) J'ai pu réaliser des transferts, des paiements et tout est normal", a déclaré à l'AFP César Aguirre, un comptable de 38 ans, après avoir retiré de l'argent.
Mais les craintes de hausse de prix étaient bien présentes. "Tout a augmenté. Je viens d'acheter une empanada (chausson à la viande) à Petare et elle m'a coûté deux millions" de bolivars anciens (soit 2 bolivars souverains), s'est plainte Carmen Maldonado, femme au foyer.
"Ca n'a pas de sens"
En parallèle, dans le centre de Caracas, des centaines de personnes marchaient vers le palais présidentiel de Miraflores en soutien au chef de l'Etat, qui était attendu à l'arrivée du cortège. Il s'agira de sa première apparition depuis l'attaque supposée de début août.
Par ailleurs, à compter de lundi, est abrogée la loi qui prévoyait des amendes et des peines allant jusqu'à 15 ans de prison pour les auteurs d'opérations de change réalisées en dehors du très rigide contrôle exercé par l'Etat depuis 2003.
Les Vénézuéliens ont désormais trois options pour échanger des dollars.
Pour les petits montants, ils peuvent se rendre dans des bureaux de change "autorisés", dont 300 doivent ouvrir à terme selon les autorités.
Par ailleurs, ils peuvent se tourner vers les banques qui sont désormais autorisées à acheter des dollars à des particuliers mais pas à en vendre, ont annoncé les ministres de la Communication Jorge Rodriguez et de l'Economie Simon Zerpa. Les établissements bancaires ne peuvent revendre les dollars qu'à la Banque Centrale.
Enfin, pour les sommes plus importantes, il existe un système d'enchères en ligne, alimentés par de seuls fonds privés. Là, pas de plafond pour vendre ses dollars, en revanche, pour en acheter, la limite est de 500 dollars par mois pour les particuliers et de 400.000 dollars par mois pour les entreprises.
La première vente aux enchères, initialement prévue mardi, selon le gouvernement, devrait finalement avoir lieu mercredi.
"Ca n'a pas de sens", a estimé Asdrubal Oliveros, directeur du cabinet Ecoanalitica.
"Ca n'a rien à voir avec un système ouvert", a ajouté cet expert, qui estime que le dollar sur le marché noir devrait continuer à s'envoler. Ce dernier s'échangéait mardi à 90 bolivars souverains contre un billet vert, même si le nombre d'opérations était limité dans l'attente de la mise en place des réformes.
Le gouvernement "cherche à capter des dollars par tous les moyens", a déclaré à l'AFP l'économiste Leonardo Vera.
Les analystes jugent non viable, voire "surréaliste" le programme du gouvernement, qui prévoit aussi une hausse du salaire minimum de près de 3.400% dans ce pays où l'inflation est attendue à 1.000.000% à la fin 2018, selon le Fonds monétaire international (FMI).
Des millions de personnes ont fui le Venezuela en raison de la crise économique.
Un des dirigeants de l'opposition, qui a appelé à la grève, Andrés Velasquez a estimé que la grève générale était "suivie à 60%", surtout en province.
"C'est un premier pas", a-t-il assuré, reconnaissant que le résultat de mardi était décevant.
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