Incarné par le Slovaque Alexander Dubcek, le "Printemps de Prague" s'est traduit il y a un demi-siècle par une réforme politique et économique audacieuse, la levée de la censure et une libéralisation des activités culturelles, au grand dam du Kremlin qui a maté par la force ce mouvement.
"Aujourd'hui, les dirigeants politiques démocratiques ont le devoir de défendre notre liberté, notre possibilité de prendre des décisions concernant notre avenir sans redouter que ces décisions seront réprimées par une force brutale", a déclaré le président slovaque Andrej Kiska, dans un discours transmis également par la télévision tchèque.
"C'est pourquoi nous avons besoin d'alliés avec les mêmes valeurs et le même respect pour la liberté, les droits de l'homme et la démocratie. De tels alliés et partenaires, nous les avons dans l'Union européenne et l'Otan, deux piliers de notre prospérité et notre sécurité", a poursuivi le président de la Slovaquie qui s'est séparée à l'amiable de la République Tchèque en 1993.
En Tchécoslovaquie, les envahisseurs "n'ont trouvé aucun contre-révolutionnaire, mais ils ont tué des dizaines de gens innocents, dans un pays qui propageait un espoir d'une vie plus libre", a souligné le président slovaque.
Dans la nuit du 20 au 21 août 1968, une trentaine de divisions soviétiques, soutenues par des unités bulgares, hongroises, polonaises et est-allemandes, soit environ 500.000 soldats au total, ont mis brutalement fin à ce rêve éphémère.
Rien qu'au cours de la première journée de l'occupation, une cinquantaine de Tchèques et de Slovaques ont été tués. Le bilan total de la présence de l'armée soviétique en Tchécoslovaquie a dépassé 400 morts, le dernier soldat soviétique n'ayant quitté le pays qu'en 1991, deux ans après la "Révolution de velours".
Désir de liberté
"La liberté et le respect des droits de l'homme ne vont pas de soi: c'est une lutte de chaque instant. Je ne peux imaginer de meilleure façon d'honorer la mémoire des héros du Printemps de Prague", a écrit le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
"L'invasion soviétique en Tchécoslovaquie a écrasé le Printemps de Prague. Mais ce désir de liberté et de démocratie a survécu et constitue l'essentiel de ce qui unit l'Europe aujourd'hui", a de son côté tweeté le président du conseil européen Donald Tusk.
"Il y a 50 ans, le Printemps de Prague était écrasé. L'Europe ne doit jamais oublier de défendre ses valeurs de liberté et d'état de droit", a indiqué la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau.
Si elle est décriée en Europe occidentale, l'intervention soviétique de 1968 continue à être vue favorablement par une grande partie des Russes.
Selon un récent sondage du centre d'analyses indépendant russe Levada, l'entrée des forces soviétiques est perçue par quelque 40% de la population comme une mesure défensive et indispensable, alors que 10% seulement y voient une "agression" et une "ingérence".
Hommage et protestations
Mardi, une cérémonie d'hommage aux victimes de l'intervention soviétique devant le bâtiment de la Radio à Prague a été émaillée de protestations contre le cabinet tchèque d'Andrej Babis, un ex-communiste aujourd'hui milliardaire.
Composé du mouvement populiste ANO de M. Babis et des sociaux-démocrates, ce gouvernement n'a remporté son vote de confiance que grâce au soutien du parti communiste KSCM nostalgique de l'ancien régime. Il s'agit d'une première depuis la chute du rideau de fer en 1989.
"Qui gouverne avec les communistes, déshonore les victimes de l'occupation de 1968!", pouvait-on lire sur une pancarte brandie par un protestataire.
A Bratislava, le Premier ministre slovaque, Peter Pellegrini, a rendu hommage à Alexander Dubcek (1921-1992), en déposant symboliquement un bouquet de 50 roses rouges, sur sa tombe.
"L'objectif de toute la vie de mon père a été de démocratiser la société. Pour lui, le +visage humain+ a été plus important que le +socialisme+", a déclaré Pavol Dubcek, fils du leader du Printemps de Prague, en allusion au mot d'ordre des réformes, le "socialisme à visage humain".
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