Le tube de l'été 2018 n'a pas été dur à trouver. Dans les bouchons, à la caisse du supermarché ou encore dans les repas entre amis, les travaux étaient sur les lèvres de presque tous les Rouennais (Seine-Maritime). En cause ? La multiplication des chantiers, aux entrées de la Métropole comme sur la rue des Martyrs à Maromme, ou en plein cœur de la ville aux cent clochers.
Un choix parfaitement assumé par la Métropole et son directeur général adjoint des espaces publics, Olivier Rusch, pour qui "c'est un mal pour un bien". Mais tous ne partagent pas son avis, les commerçants en tête. Depuis le printemps, l'activité de Florence Poilve est d'humeur changeante, en fonction de l'avancée des travaux sur le pas de sa boutique. Photos à l'appui, la gérante de la boutique Nicolas de la place du Vieux-Marché peste contre le chantier qui lui a fait perdre "jusqu'à 70 % de clients, certains mois".
Menace de liquidations
Sa situation est loin d'être isolée, à en croire José Ortuzar, le vice-président de l'association commerçante des Vitrines de Rouen : "Un peu partout, des commerçants disent qu'il y a des pertes de fréquentation. L'accumulation pose problème, les gens se disent "Je ne vais pas aller à Rouen, c'est le bordel !" Mais le secteur le plus perturbé, c'est le chantier de la T4, de Diochon jusqu'au pont Guillaume."
Par chance, les commerçants de ce secteur comme ceux des chantiers liés au projet Cœur de métropole peuvent se faire indemniser pour la gêne occasionnée. "Mais c'est un dispositif sous conditions, précise Olivier Rusch. Il faut prouver que le chantier était bien situé devant la boutique et fournir des données chiffrées pour prouver le manque à gagner." Ensuite, ce dossier est examiné par une commission présidée par un magistrat indépendant et qui donne un avis pour ou contre l'indemnisation du commerçant. Un dispositif peu utilisé jusqu'à présent pour cet été. Parce qu'il est encore trop tôt pour rassembler tous les chiffres demandés, mais aussi parce que bon nombre de personnes ignorent son existence.
La preuve que la communication ne passe pas très bien entre la Métropole et ses commerçants, alors qu'Olivier Rusch assure que "tous les efforts sont faits pour informer tout le monde". De son côté, Florence Poilve "ne comprend pas comment toutes les décisions sont prises". Mais ce dont elle est sûre, c'est de la difficulté à relancer l'activité à la fin du chantier : "On essaye d'être optimiste, on se dit que oui ça va être beau. Mais il va falloir tenir jusque-là." La trésorerie, tous ne l'ont pas et une épée de Damoclès plane au-dessus de certains indépendants. "Ça va durer longtemps et les banques ne vont pas toujours suivre. Certains vont liquider", prédit sombrement José Ortuzar.
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