Né en Pologne, Jakiw Palij, âgé aujourd'hui de 95 ans et qui vivait depuis 1949 à New York, avait travaillé comme assistant SS dans le camp de travail forcé de Trawniki en 1941 dans lequel plus de 6.000 Juifs ont été exterminés.
Arrivé mardi matin à l'aéroport de Düsseldorf, l'homme a ensuite été transporté vers un centre de soins gériatriques près de Münster, selon la presse allemande, qui doute que l'homme puisse un jour être jugé.
"Avec l'admission de Palij, le gouvernement fédéral envoie un signal clair de la responsabilité morale de l'Allemagne", a affirmé à l'AFP un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.
Mensonge
"L'obligation qui découle de notre histoire comprend l'acceptation" du passé "et un débat honnête autour des crimes du régime de terreur nazi (...) nous assumons la responsabilité envers les victimes du national-socialisme ainsi qu'envers nos partenaires internationaux", a aussi déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Lundi, lors d'un déplacement en Pologne, il avait désigné l'ancien camp d'extermination d'Auschwitz comme "le pire endroit au monde", rappelant que la responsabilité des Allemands, qui l'ont créé, "ne finira jamais".
M. Palij avait immigré en 1949 aux Etats-Unis et obtenu la nationalité américaine huit ans plus tard, prétendant avoir été un fermier durant la Deuxième guerre mondiale. Mais en 2003, un juge fédéral la lui a retiré parce qu'il avait menti sur son passé de SS.
Le procureur avait estimé que M. Palij, en tant que gardien, avait empêché les prisonniers de s'échapper et avait "contribué directement à leur massacre", ce qu'il niait.
Depuis, les Etats-Unis ont essayé sans succès de l'expulser vers la Pologne, l'Ukraine (où sa ville de naissance - à l'époque polonaise - se trouve aujourd'hui) et l'Allemagne.
Berlin a longtemps refusé de l'accueillir car il n'avait pas la nationalité allemande.
Un tribunal allemand avait ouvert une enquête préliminaire en 2015 à son sujet puis clos le dossier, faute de preuves suffisantes. Reste à présent à savoir si l'affaire va être rouverte.
L'ancien garde SS a été aux Etats-Unis l'objet de manifestations hostiles régulières, et de plus en plus fréquentes ces dernières années, devant son domicile new-yorkais.
Justice tardive
"Palij avait menti sur le fait d'être nazi et est resté aux États-Unis pendant des décennies. Son expulsion envoie un message fort: les États-Unis ne toléreront pas ceux qui ont facilité les crimes nazis et autres violations des droits de l'Homme et ils ne trouveront pas de refuge sur le sol américain", a estimé la Maison Blanche dans un communiqué.
Le camp spécial de Trawniki, ouvert en septembre 1941, a fermé à l'automne 1943 après que des unités SS ont massacré l'ensemble des prisonniers du camp, soit quelque 6.000 juifs, dans le cadre d'une opération appelée "Fête des moissons".
L'Allemagne a jugé et condamné ces dernières années plusieurs anciens SS pour complicité de meurtre: John Demjanjuk, Reinhold Hanning et Hubert Zafke ont tous été condamnés, illustrant la sévérité accrue, mais très tardive, de la justice allemande.
Cependant, jusqu'ici aucun n'est allé en prison en raison de leur état de santé.
Dernièrement, Oskar Gröning, dit le "comptable d'Auschwitz", a été définitivement condamné à quatre ans de prison. Mais, juste avant son incarcération, il était décédé en mars à 96 ans.
La justice allemande est critiquée pour son traitement des crimes du IIIe Reich, accusée d'avoir longtemps trop peu condamné, trop faiblement et trop tard.
"Il est trop tard pour les décisionnaires, alors on étend la notion de culpabilité à un point risible pour poursuivre les comparses", avait déploré avant le procès Gröning l'avocat français Serge Klarsfeld, qui a consacré sa vie à traquer les nazis mais se dit gêné par ce zèle tardif.
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