Une enquête des services du procureur de Pennsylvanie publiée la semaine dernière a mis au jour des abus sexuels, couverts par l'église catholique de cet Etat américain, perpétrés par plus de 300 "prêtres prédateurs" dont ont été victimes au moins mille enfants.
"Bien qu'on puisse dire que la majorité des cas appartient au passé (...) nous pouvons constater que les blessures infligées ne disparaissent jamais, ce qui nous oblige à condamner avec force ces atrocités", a affirmé le pape dans une lettre au "Peuple de dieu", donc à tous, diffusée lundi par le Vatican.
"Il est urgent de réaffirmer une fois encore notre engagement pour garantir la protection des mineurs et des adultes vulnérables", a souligné le pape argentin.
Il y a trois jours, le Vatican avait exprimé déjà sa "honte" et sa "douleur" à la suite de l'enquête américaine, mais lundi le pape François a évoqué les responsabilités passées et futures de l'Eglise catholique.
"Considérant le passé, ce que l'on peut faire pour demander pardon et réparer du dommage causé ne sera jamais suffisant. Considérant l'avenir, rien ne doit être négligé pour promouvoir une culture capable non seulement de faire en sorte que de telles situations ne se reproduisent pas mais encore que celles-ci ne puissent trouver de terrains propices pour être dissimulées et perpétuées", assure le pape.
Il est essentiel, ajoute-t-il, que toute la communauté des fidèles, et pas seulement le clergé, se mobilise, écrit-il ainsi dans cette lettre en forme de mea culpa, et publiée en sept langues.
"un crime pas un péché"
Dans un message audio accompagnant la lettre du pape, Greg Burke, porte-parole du Vatican, souligne le fait que François considère les abus pédophiles comme des "crimes".
"Il est significatif que le pape qualifie ces abus de crimes et pas seulement de péchés et qu'il demande pardon", a-t-il dit.
Le porte-parole a également insisté sur l'universalité du message du pape.
Cette lettre concerne "l'Irlande, les Etats-Unis, le Chili, mais pas seulement", dit-il. "Le pape François a écrit au Peuple de Dieu ce qui veut dire à tout le monde", a ajouté M. Burke.
Le pape est attendu les 25 et 26 août en Irlande, où il sera confronté à l'histoire des scandales liés à des sévices commis au sein de l'Eglise qui ont détourné nombre d'Irlandais de la religion catholique. Il devrait discrètement y rencontrer des victimes.
Ce message a toutefois été jugé insuffisant dans une première réaction des victimes.
"Le Vatican et le pape devraient cesser de nous dire combien les abus sont terribles (...). Au lieu de cela ils devraient nous dire ce qu'ils entendent faire pour que les coupables rendent des comptes sur leurs actions. C'est ce que nous voulons entendre", a écrit sur Twitter l'Irlandaise Marie Collins, âgée de 71 ans et victime à 13 ans d'abus sexuels perpétrés par un prêtre.
Elle avait préféré claquer la porte en mars 2017 de la commission anti-pédophilie du Vatican, jugeant que les actes ne suivaient pas les paroles de fermeté tenues par le pape.
Ce n'est pas la première fois que le pape François, élu en 2013, se prononce sur les affaires de pédophilie dans l'Eglise catholique.
Au cours des derniers mois, il a accepté les démissions du cardinal Theodore McCarrick, archevêque émérite de Washington accusé d'abus sexuels sur un adolescent, et de cinq évêques chiliens accusés d'avoir couvert des prêtres pédophiles.
Plusieurs autres hauts prélats ont été contraints de démissionner pour avoir fermé les yeux, dont les cardinaux Roger Mahony (Los Angeles) et Bernard Law (Boston), décédé fin 2017.
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