Des dizaines de milliers de Vénézuéliens, fuyant la crise politique, économique et sociale que traverse leur pays, ont rejoint le Brésil ces trois dernières années.
Dernier exemple en date des tensions résultant de ces mouvements migratoires, le vol et l'agression samedi d'un commerçant de Pacaraima (nord), frontalière du Brésil, ans le nord du pays, attribuée à des Vénézuéliens.
Des dizaines d'habitants de cette localité, où vivent un millier de migrants dans la rue, ont détruit alors leurs deux principaux camps de fortune et brûlé leurs affaires, les contraignant à regagner leur pays. Des coups de feu ont été tirés, les magasins fermés et des débris divers jonchent les rues.
"C'était terrible, ils ont incendié les tentes et tout ce qu'il y avait à l'intérieur", a témoigné Carol Marcano, une Vénézuélienne.
Des Vénézuéliens ont répliqué en détruisant un véhicule portant une plaque brésilienne, a-t-elle ajouté.
Trois Brésiliens ont été blessés, selon un porte-parole de la police militaire. Aucune information n'était disponible concernant des victimes du côté vénézuélien.
Après l'agression supposée du commerçant, "les gens ont commencé à expulser les Vénézuéliens du centre-ville, les obligeant à regagner leur pays", a expliqué un habitant à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.
Incidents au Costa Rica
Le gouverneur de l'Etat de Roraima, Suely Campos, s'est engagé à fermer temporairement la frontière et a appelé Brasilia à dépêcher des renforts "pour faire face au développement de la criminalité" liée selon elle aux migrants.
Le ministère brésilien pour la sécurité publique a promis en retour 60 soldats supplémentaires qui viendront rejoindre lundi les effectifs déjà sur place.
Les tensions migratoires se développent dans d'autres pays d'Amérique latine, attisées par les crises au Venezuela mais aussi au Nicaragua, où le président Daniel Ortega réprime sans ménagement un mouvement de contestation de son régime.
Au Pérou et en Equateur, des migrants vénézuélien sont bloqués à la frontière où on leur demande désormais des passeports, que la plupart n'ont pas, au lieu d'une simple carte d'identité.
Rien que la semaine dernière, quelque 20.000 Vénézuéliens sont entrés au Pérou, selon les autorités de Lima qui ont adopté ces mesures de restriction en vigueur jusqu'au 25 août.
Les autorités colombiennes redoutent pour leur que les contrôles frontaliers instaurés en Equateur depuis samedi, à la suite de l'instauration d'un état d'urgence migratoire, ne laissent des milliers de Vénézuéliens bloqués dans leur pays.
Quelque 3.000 personnes franchissent chaque jour à Rumichaca la frontière de la Colombie avec l'Equateur.
Les Nations unies évaluent à 2,3 millions de personnes le nombre de Vénézuéliens à avoir quitté leur pays, fuyant la misère et à la recherche d'un emploi. Plus de 800.000 ont gagné la Colombie où ils bénéficient d'un droit de séjour temporaire.
De nombreux Vénézuéliens ambitionnent de rejoindre des pays plus lointains comme le Pérou, le Chili, l'Argentine ou l'Uruguay.
Au Costa Rica, des centaines de personnes ont manifesté samedi, parfois violemment et en agitant des symboles nazis, pour dénoncer les migrants venus du Nicaragua.
Certains d'entre eux ont convergé vers le parc de la Merced, dans le centre de San José, voulant s'en prendre à des migrants. La police les en a empêchés, a indiqué le ministre pour la Sécurité, Michael Soto.
- Nouveaux billets -
En réponse aux incidents de Pacaraima, le ministère vénézuélien des Affaires étrangères a demandé aux autorités brésiliennes des "garanties concernant les citoyens vénézuéliens et de prendre toutes les mesures pour la protection et la sécurité des familles et de leurs biens".
Au premier semestre, quelque 56.740 Vénézuéliens ont cherché à légaliser leur situation au Brésil, pour y obtenir le droit de refuge ou de résidence temporaire.
Le Venezuela se débat entretemps toujours dans la crise. L'arrivée lundi de nouveaux billets qui compteront cinq zéros de moins que les actuels suscite des frénésies d'achats et de longues files d'attente aux stations essence. Le dollar au marché noir monte en flèche, autant de signes de la profonde anxiété qui ronge la population.
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