En 60 ans de carrière, celle que tout le monde surnommait "Aretha" a influencé plusieurs générations d'artistes à travers des tubes planétaires comme "Respect" (1967), "Natural Woman" (1968) ou "I Say a Little Prayer" (1968).
La ville de Detroit, capitale de l'automobile américaine où la chanteuse s'est éteinte jeudi à 76 ans après une longue bataille contre le cancer, s'apprête à rendre à sa star un hommage sur plusieurs jours, à la hauteur de la légende qu'elle était devenue.
Les 28 et 29 août, sa dépouille devrait être exposée au public de 9 heures à 21 heures au Musée Charles Wright, dédié à l'histoire des noirs américains, a confirmé à l'AFP son agente de longue date, Gwendolyn Quinn.
Les funérailles devraient avoir lieu ensuite, le 31 août, au Greater Grace Temple, grande église pentecôtiste de Detroit où furent organisées en 2005 les obsèques de Rosa Parks, la femme qui en 1955 osa défier dans l'Alabama une interdiction faite aux Noirs de s'asseoir à l'avant des bus, devenant ainsi une icône de la lutte pour les droits civiques des noirs américains.
Si le lieu peut accueillir jusqu'à 4.000 personnes, les invités devraient être triés sur le volet: membres de la famille, proches et célébrités du monde de la musique ou d'autres personnalités, comme l'ancien président Barack Obama, pourraient être conviés, indiquait vendredi le grand quotidien local, le Detroit Free Press.
La chanteuse sera inhumée dans le cimetière de la ville où reposent son père et trois de ses frères et soeurs, a précisé Gwendolyn Quinn.
Danser pour Aretha
En attendant, les fans de la diva, qui avait débuté comme chanteuse de gospel à neuf ans avant de démontrer son talent sur quatre octaves, du R&B à l'opéra, continuaient vendredi à lui témoigner leur admiration à la New Bethel Baptist Church, l'église de son père pasteur, située dans un quartier mal famé de la ville du Michigan.
Dès l'annonce jeudi de son décès, elle est devenue lieu de recueillement: des anonymes s'y succédaient pour déposer des messages, fleurs, ballons et ours en peluche, avec en fond sonore les grands succès d'Aretha.
Ses admirateurs défilaient aussi devant le musée Motown, installé dans les anciens studios de la maison de disques du même nom, qui a prévu de diffuser sa musique tout le weekend.
Si Aretha Franklin n'y a jamais enregistré de disque, sa musique a toujours été associée au "son" de Motown.
Fred Zilian, professeur à l'université de Rhode Island venu à Detroit pour des retrouvailles d'anciens camarades de la prestigieuse école militaire de West Point, dansait avec sa femme devant le musée.
"Je devrais être triste car nous avons perdu Aretha Franklin, mais il fallait que je sorte dans la rue danser", a-t-il indiqué, en se remémorant combien il avait adoré sa musique et celle des artistes noirs qui ont fait la gloire des studios Motown dans les années 60.
"Le pays se déchirait sur les questions raciales et nous, comme vous pouvez le constater nous sommes tous blancs, mais on s'en fichait", a-t-il raconté à l'AFP. "Ca en dit long sur la capacité de rassembler qu'a la musique".
"C'est vraiment étonnant. Evidemment, nous sommes tous tristes et nous avons le coeur brisé en pensant à sa mort, mais les gens affluent au musée", a indiqué la directrice du musée Sheila Spencer.
Lueur divine
De nombreuses célébrités ont également tenu à saluer cette immense artiste.
"C'est difficile d'imaginer le monde sans elle. Non seulement c'était une chanteuse merveilleuse, mais son engagement en faveur des droits civiques a eu un impact indélébile sur le monde", a par exemple tweeté l'actrice et chanteuse Barbra Streisand en forme d'adieu à Aretha Franklin.
La chanteuse avait été en 1987 la première femme à entrer au sein du Rock and Roll Hall of Fame. En 2010, le magazine Rolling Stone l'avait placée en tête de sa liste des 100 plus grands chanteurs de tous les temps, hommes et femmes confondus.
Aretha Franklin avait chanté aux cérémonies d'investiture des présidents Bill Clinton et Barack Obama.
Celui qui fut le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis lui a rendu, avec sa femme Michelle, un hommage appuyé. "Durant plus de six décennies, chaque fois qu'elle chantait, nous avions tous droit à une lueur divine", ont ils estimé dans une déclaration écrite.
Le président Donald Trump a salué sur Twitter "une femme exceptionnelle qui a bénéficié d'un merveilleux bienfait de Dieu, sa voix", estimant qu'elle continuerait à "inspirer de nombreuses générations à venir".
Parmi les dizaines de chansons qui se sont hissées au top 40, "Respect", initialement composée par Otis Redding, devait devenir le plus grand des succès pour cette femme devenue mère avant ses 13 ans, et un hymne au féminisme.
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