"Samedi, je célèbrerai un an de vie", dit Ruben. Dans la nuit du 17 au 18 août, ce quinquagénaire à la barbe bien taillée a reçu un coup de couteau au visage dans la station balnéaire de Cambrils, au bord de la Méditerranée, où il passait ses vacances avec sa femme.
Quelques heures plus tôt, à 120 kilomètres plus au nord-est, une camionnette est passée tout près d'Ana Cortes, avant de foncer sur la foule qui déambulait sur la touristique avenue des Ramblas de Barcelone.
"J'ai vu la camionnette passer à moins d'un mètre, et de là, j'ai tout vu ... Les gens volaient comme des poupées cassées. J'étais paralysée, il y avait beaucoup de gens en sang, par terre", raconte la jeune trentenaire, la voix brisée par l'émotion, lors d'une conférence de presse organisée jeudi à Barcelone par une association de victimes.
Au total, le double attentat revendiqué par le groupe Etat islamique (EI) a fait 16 morts et plus de 100 blessés.
'J'ai cru que j'allais mourir'
Un an plus tard, le souvenir de Ruben est toujours vivace.
Avec sa femme Nuria Figueras, il sortait d'un concert quand la voiture des jihadistes a tenté de forcer un barrage de police. Ses cinq passagers sont alors sortis, munis de couteaux et d'une hache, avec l'intention de tuer un maximum de gens sur leur passage.
"Je ne me rappelle pas de l'agresseur, je l'ai juste vu me poignarder. Il m'a laissé le couteau planté dans le visage, à quinze centimètres de profondeur. Il m'a taillé les amygdales, les carotides, les cordes vocales, la langue..."
"J'ai sorti le couteau et j'ai commencé à énormément saigner, j'avais du mal à respirer. Sincèrement, j'ai cru que j'allais mourir", poursuit-il, lors de la conférence de presse.
Des passants sont parvenus à stopper l'hémorragie. Et une intervention chirurgicale de six heures l'a sauvé.
Aujourd'hui, une longue cicatrice parcourt sa joue droite. S'il peut reparler, il a perdu le goût et ne peut plus fermer complètement la paupière droite.
Mais "je suis revenu à la vie, et on est là", dit-il.
'Je cours encore'
Depuis le 17 août 2017, Ana, elle, n'a plus remis les pieds sur les Ramblas, où elle attendait ce jour-là une amie.
Après le carnage, la police a évacué les lieux et elle s'est réfugiée dans le métro. Mais les rumeurs d'un attentat à la bombe l'ont obligée à ressortir de la station.
"Nous sommes sortis en courant", se souvient-elle. "Et aujourd'hui, je cours encore".
"Je vois encore des images, j'ai des crises d'angoisse, je regarde partout quand je marche dans la rue, si je vois des gens courir ou crier, je fais des crises d'angoisse".
"Les gens me disent quelque chose que je sais très bien : +tu as eu beaucoup de chance, tu dois aller de l'avant, tu n'as rien+", raconte-t-elle. "Mais si, j'ai quelque chose. J'ai des blessures internes, qui ne se voient pas mais qui sont difficiles à guérir".
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