Mercredi à la mi-journée, la protection civile a annoncé un nouveau bilan de 39 morts confirmés et 15 blessés, dont une douzaine dans un état grave. Il y a aussi encore quelques disparus.
Trois enfants âgés de 8 à 13 ans figurent parmi les victimes. Il y a également trois Français ainsi que trois Chiliens qui résidaient en Italie, selon les services diplomatiques des deux pays concernés.
Après cet effondrement, le plus meurtrier de ce type survenu en Europe depuis 2001, les sauveteurs ont lutté toute la nuit de mardi à mercredi pour tenter de trouver des survivants sous les débris du viaduc autoroutier.
L'effondrement soudain et encore inexpliqué de cet ouvrage massif en béton des années 1960, appelé pont Morandi du nom de son concepteur, a précipité environ 35 voitures et quelques camions dans le vide d'une hauteur de 45 mètres.
Le pont de 1,18 km de long, qui s'est effondré sur plus de 200 mètres, a été construit entre 1963 et 1967 en grande partie avec du béton armé précontraint.
Or dès ses premières décennies d'existence, l'ouvrage a fait l'objet de travaux de maintenance importants liés en particulier à la dégradation inéluctable du béton, accentué par les vibrations du trafic.
Haro sur la société autoroutière
Le nouveau gouvernement populiste italien est passé à l'attaque mercredi en promettant de traquer les responsables du drame et pointant du doigt la société gérant l'autoroute, Autostrade per l'Italia.
Le ministre des Infrastructures et des Transports Danilo Toninelli a appelé ses dirigeants à démissionner et lancé une procédure en vue d'une éventuelle révocation de toutes les concessions de la société.
Pour Luigi Di Maio, vice-Premier ministre et chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste), le pont "ne s'est pas écroulé par fatalité mais parce que la maintenance n'a pas été faite".
"Pendant des années on a dit que faire gérer les autoroutes par des privés était mieux que par l'Etat. Maintenant on a l'un des plus grands concessionnaires européens qui nous dit que ce pont était en sécurité et que rien ne laissait imaginer l'effondrement", a lancé M. Di Maio.
"La révocation des concessions est un minimum", a pour sa part lancé sur une autre radio Matteo Salvini, patron de la Ligue (extrême droite). "En tant que vice-Premier ministre, je vais écrire à tous les autres concessionnaires pour demander quelle part de leur budget ils réinvestissent dans la sécurité".
Mardi soir, le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, avait annoncé un plan extraordinaire de contrôle des infrastructures.
Selon la société italienne des autoroutes, "des travaux de consolidation étaient en cours sur la base du viaduc", qui faisait l'objet "d'activités constantes d'observation et de vigilance".
L'autoroute A10, dite "autoroute des fleurs", relie Gênes à Vintimille, à la frontière française. En raison du relief très accidenté de la région, entre mer et montagne, son parcours est jalonné de longs viaducs et de tunnels.
"On ne perd pas l'espoir"
Des équipes de pompiers - 400 ont pris part aux opérations depuis hier - s'affairent toujours dans les décombres, avec l'aide de chiens et de pelleteuses. Deux grandes grues jaunes et noires sont arrivées dans la nuit pour aider à déblayer et accéder à des cavités où des victimes pourraient être coincées.
"On ne perd pas l'espoir de retrouver des survivants", confiait au petit matin Emanuele Gissi, commandant adjoint des pompiers de la région Piémont. "Durant la nuit, trois victimes décédées ont été retrouvées dans les décombres", a-t-il expliqué.
"C'est une phase difficile pour tous parce que nous sommes arrivés à un nombre de victimes très élevé (...). Il reste évidemment l'espoir pour les secouristes de retrouver quelques survivants mais plus le temps passe, plus c'est difficile", a déclaré à l'AFP Riccardo Sciuto, commandant des carabiniers de la Province de Gênes.
Selon la protection civile italienne, en comptant tous les personnels impliqués (pompiers, policiers, Croix-Rouge...), les secours ont mobilisé un millier de personnes.
Le drame s'était déroulé mardi en toute fin de matinée, sous une pluie battante, dans un énorme grondement qui avait fait craindre aux riverains un tremblement de terre.
Le viaduc était suspendu mercredi sur plusieurs dizaines de mètres au-dessus d'imposants immeubles d'habitation roses et jaunes du quartier de Sampierdarena. Leurs habitants, malgré leurs protestations, ont été évacués mardi, de peur que ce morceau du pont Morandi ne cède lui aussi.
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