"Nous allons appliquer un boycott contre les produits électroniques américains", a lancé M. Erdogan lors d'un discours à Ankara mardi. "S'ils ont des iPhones, il y a des Samsung de l'autre côté", a-t-il ajouté.
L'iPhone est l'appareil téléphonique phare de la marque américaine Apple et Samsung est le géant de l'électronique sud-coréen.
Les produits Apple sont toutefois très utilisés en Turquie, y compris par M. Erdogan : lors de la tentative de coup d'Etat de juillet 2016, il avait lancé un appel à ses partisans via FaceTime, une application développée par Apple.
La crise diplomatique entre Ankara et Washington, deux alliés au sein de l'Otan, a provoqué ces derniers jours un effondrement de la livre qui reprenait toutefois quelques couleurs mardi, malgré les déclarations virulentes de M. Erdogan à l'endroit des Etats-Unis.
Après plusieurs mois de tensions, les relations bilatérales ont viré à l'orage le mois dernier au sujet de la détention en Turquie d'un pasteur américain, Andrew Brunson.
Les Etats-Unis ont imposé des sanctions contre deux ministres turcs et Ankara a répliqué avec des mesures similaires. Le président américain Donald Trump a ensuite annoncé vendredi le doublement des taxes à l'importation de l'acier et de l'aluminium turcs.
Léger redressement de la livre
Les déclarations du chef de l'Etat turc font écho à un mot-dièse devenu viral sur les réseaux sociaux en Turquie lundi, #ABDyeReklamVerme, "Ne faites pas de publicité aux Etats-Unis".
La compagnie aérienne Turkish Airlines a notamment déclaré mardi matin qu'elle soutenait ce mouvement. "Nous avons transmis les instructions nécessaires à nos agences", a assuré sur Twitter Yahya Üstün, chargé de la presse pour l'entreprise.
Les turbulences entre la Turquie et les Etats-Unis ont mis au supplice la livre turque qui s'est effondrée ces derniers jours et a ainsi perdu plus de 40% de sa valeur face à l'euro et au dollar depuis le début de l'année.
La devise turque se redressait toutefois légèrement mardi, au lendemain de l'annonce de mesures par la banque centrale turque et alors que de nombreux Turcs se pressent dans les bureaux de change à l'appel de M. Erdogan pour convertir leurs devises étrangères.
Après avoir pour la première fois franchi dans la nuit de dimanche à lundi la barre des sept pour un dollar, la devise turque s'échangeait à 6,56 contre le billet vert mardi peu après 10H30 GMT, reprenant ainsi environ 4,7% de sa valeur sur la journée.
Cherchant à apaiser les marchés fébriles après que la monnaie turque a chuté de 16% vendredi, la banque centrale a annoncé lundi qu'elle fournirait toutes les liquidités dont les banques auraient besoin et prendrait les "mesures nécessaires" pour assurer la stabilité.
Le pasteur fait appel
Par ailleurs, le ministre turc des Finances Berat Albayrak, qui est par ailleurs le gendre de M. Erdogan, doit s'entretenir avec plusieurs centaines d'investisseurs étrangers jeudi par téléconférence, selon la chaîne d'information NTV.
Outre ces problèmes diplomatiques, les économistes s'inquiètent de la mainmise sur l'économie de M. Erdogan qui s'est renforcée après sa réélection en juin dernier.
Signe que malgré l'escalade verbale, les alliés continuent de chercher une solution à cette crise, l'ambassadeur de Turquie à Washington, Serdar Kiliç, a rencontré lundi le conseiller à la sécurité nationale de la présidence, John Bolton.
Cette grave crise entre Washington et Ankara a été provoquée par la détention pendant un an et demi puis l'assignation à résidence fin juillet du pasteur américain Andrew Brunson.
Son avocat turc, Cem Halavurt, a indiqué mardi à l'AFP avoir fait appel de l'assignation à résidence de son client, accusé de "terrorisme" et d'espionnage. Sa première demande en ce sens avait été rejetée il y a deux semaines.
"J'ai prévu de renouveler cet appel régulièrement", a-t-il dit.
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