"Gardez confiance, l'amour de Dieu nous accompagne, que l'on soit malade ou debout", lance la frêle soeur franciscaine, qui fêtera ses 79 ans en septembre.
Devant elle, en arc de cercle, se tiennent près d'une centaine de malades, dont de nombreux en fauteuil roulant, venus avec des accompagnateurs ou des hospitaliers, écouter celle qui, en 2008, trois jours après son retour d'un pèlerinage, sentira dans son corps "une détente et une chaleur" partie de son "coeur" et qui l'a "envahie".
Voilà près de 40 ans que Soeur Bernadette Moriau souffrait de la colonne vertébrale. Un syndrome de la "queue de cheval" qui la menait "sur le chemin de la paralysie", témoigne la septuagénaire.
Son médecin l'invite à participer au pèlerinage, mais "ça fait belle lurette que je ne crois plus au miracle pour moi", lui rétorque-t-elle. Un aveu qui fait sourire de nombreux pèlerins.
Dans sa chambre où elle se repose, sous morphine, de son pèlerinage, une voix lui dit, parallèlement à cette chaleur qui l'envahit: +enlève tes appareils+.
"J'ai enlevé mes appareils -- attelle, corset, neuro-stimulateur..--, arrêté la morphine, et le lendemain je suis allée marcher 5 kilomètres en forêt avec ma belle-soeur". "J'ai compris que j'étais guérie".
Une guérison qui sera reconnue, après dix ans d'instruction, comme "miraculeuse" par l'Eglise, la 70è en 160 ans.
"Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre Dieu et moi", raconte-t-elle. Et d'affirmer, d'une voix posée, avoir "demandé des comptes au Seigneur". "Pourquoi moi", s'est-elle alors interrogée, quand "il y a tant de jeunes à qui ça aurait été plus utile".
Mais c'est ce que décide le Seigneur, laisse entendre la septuagénaire, frêle dans sa tenue de Franciscaine, jupe marron et chemisier blanc, petite croix autour du cou.
"Dans la maladie, conclut Soeur Bernadette Moriau, le Seigneur marche avec nous". "Je ne cesse de prier pour tous les malades". "Je peux vous dire que je prie beaucoup pour vous", dit-elle avec émotion.
"la force de tenir"
Voilà venu le temps des questions. Et des témoignages spontanés de souffrance auxquels Soeur Bernadette Moriau avoue humblement qu'il "est difficile de répondre".
"Si vous avez la foi, c'est une chance car vous pouvez donner sens à votre souffrance", dit la soeur à une femme handicapée".
"Ce que je demande au Seigneur, c'est que ce témoignage puisse vous donner l'espérance", ajoute-t-elle, confiant qu'elle sortira en septembre un livre qui s'intitulera "Ma vie est un miracle. Ne jamais désespérer".
Malgré ses problèmes d'élocution, une femme la remercie, assurant que ce moment et cette rencontre lui ont "redonné le courage".
Soeur Bernadette s'avance vers elle, l'étreint, l'embrasse, lui glisse quelques mots à l'oreille. Troublée, l'assistance applaudit. Soeur Bernadette Moriau reprend sa place, dos à une fontaine, se frotte les yeux.
L'émotion est palpable tout au long des derniers instants. Soeur Bernadette passera de fauteuil en fauteuil, échangeant quelques mots avec des malades, prenant entre ses mains le visage en pleurs d'une femme ayant perdu sa mère récemment, l'enjoignant à avoir "la force de tenir". "On n'est jamais tout seul", "accrochez-vous à Jésus".
Vingt-cinq mille personnes sont attendues à Lourdes pour le 145è pèlerinage de l'Assomption, le plus grand pèlerinage catholique français, qui célèbre la montée au ciel de Marie, la mère du Christ, selon le dogme catholique.
Son point d'orgue se situe traditionnellement le 15 août avec la messe internationale.
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