Mardi, Washington a rétabli ses sanctions économiques contre l'Iran, après son retrait unilatéral de l'accord historique sur le nucléaire conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, dont la précédente administration américaine de Barack Obama.
Même si M. Trump a dit vouloir exercer, à travers ses sanctions, une "pression maximale" sur l'Iran accusé de "d'activités néfastes", il a dit être prêt à des discussions avec Téhéran et à un nouvel "accord global".
Samedi, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a été catégorique.
"Non, il n'y aura pas de rencontre", a-t-il déclaré à l'agence iranienne Tasnim, proche des conservateurs, qui l'interrogeait sur une possible rencontre avec le secrétaire d'Etat Mike Pompeo ou avec d'autres responsables américains en marge des travaux de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, à laquelle participeront M. Trump et le président iranien Hassan Rohani.
"Sur la récente proposition de Trump (sur des discussions), notre position officielle a été annoncée par le président et par nous. Les Américains ne sont pas honnêtes et leur addiction aux sanctions ne permet aucune forme de négociation", a ajouté M. Zarif.
Ce dernier avait souvent rencontré l'ancien secrétaire d'Etat américain John Kerry lors des négociations qui avaient abouti à la conclusion de l'accord nucléaire.
C'est la première fois que l'Iran rejette de manière aussi explicite l'offre de dialogue américaine alors que des spéculations vont bon train sur le fait que la pression économique pourrait pousser Téhéran vers des négociations.
M. Rohani, qui a tout misé sur l'accord nucléaire et une politique d'ouverture envers l'Occident, avait accusé Washington de "vouloir provoquer des dissensions" parmi les Iraniens en rétablissant les sanctions.
Il avait aussi jugé "insensé" des négociations à l'ombre de sanctions imposées selon lui "aux enfants iraniens, aux malades et à la nation".
"Addiction aux sanctions"
M. Trump avait dit souhaiter un "accord plus global sur l'ensemble des activités néfastes (de l'Iran), dont son programme balistique et son soutien au terrorisme". Il reproche entre autres à l'Iran son soutien au régime syrien, aux rebelles au Yémen, au Hamas à Gaza et au Hezbollah libanais.
Russes et européens, également signataires de l'accord nucléaire, ont condamné les mesures américaines et se sont dit déterminés à sauver ce texte qui visait à garantir un caractère strictement pacifique du programme nucléaire iranien, contre la levée progressive des sanctions qui avaient isolé l'Iran.
Intervenant en outre dans la querelle entre la Turquie et les Etats-Unis, M. Zarif a accusé là aussi Washington d'avoir "une addiction aux sanctions et à l'intimidation".
"La jubilation éprouvée (par Donald Trump) en imposant des difficultés économiques à la Turquie, son allié de l'OTAN, est honteuse", a-t-il écrit sur Twitter.
Donald Trump a annoncé une forte augmentation des taxes à l'importation sur l'acier et l'aluminium turcs, au moment où les deux pays sont embourbés dans une crise diplomatique au sujet d'un pasteur américain détenu en Turquie. Ces tensions ont provoqué une chute de la livre turque qui a enregistré vendredi son plus bas historique.
La monnaie glisse "rapidement vers le bas par rapport à notre dollar très fort!", a réagi Donald Trump.
Chute du rial
L'Iran a également subi une chute vertigineuse de sa monnaie, le rial ayant perdu plus de la moitié de sa valeur par rapport au dollar depuis avril avec alors les menaces de M. Trump de se retirer de l'accord.
Après une légère reprise, le rial a de nouveau perdu 13% de sa valeur, s'échangeant samedi à 106,200 rials contre un dollar selon le site économique Bonbast.
Avec un risque d'aggravation de la crise économique, plusieurs villes d'Iran ont été le théâtre ces dernières semaines de manifestations sporadiques et de grèves contre le chômage et l'inflation mais aussi pour exprimer la colère envers le système politique.
L'Iran et les Etats-Unis n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980.
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