"On peut penser que les 80 km/h ont joué un rôle mais il faut rester extrêmement prudent", a réagi vendredi auprès de l'AFP le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe.
Mesure controversée, la limitation de 90 à 80 km/h est en vigueur depuis le 1er juillet sur 400.000 kilomètres de routes à double sens sans séparateur central (barrière, terre-plein).
En juillet, 324 personnes sont mortes sur les routes de France métropolitaine (344 en incluant l'Outremer), soit 19 de moins qu'en juillet 2017 (-5,5%), selon les données publiées vendredi par la Sécurité routière.
Un chiffre qui s'inscrit dans la lignée des derniers mois, avec une chute de la mortalité routière en mai (-8,4%) puis en juin (-9,3%), même s'il s'accompagne de "mauvais résultats" concernant les cyclistes et les motos avec 97 motards et 29 cyclistes tués en juillet, souligne la Sécurité routière.
Selon M. Barbe, il faudra attendre la fin de l'année pour connaître précisément l'impact des 80 km. Mais, selon lui, cette mesure annoncée le 9 janvier a déjà eu un effet bénéfique sur la mortalité routière.
"C'est un phénomène assez connu. Quand la sécurité routière est très présente dans les débats, et c'est ce qui a été produit par les débats sur le 80 km/h, cela a un effet très positif sur l'accidentalité parce que ça conduit les usagers de la route à être plus prudents", explique-t-il à l'AFP
Le premier semestre 2018 affiche ainsi une baisse de 6% par rapport à la même période en 2017, avec 119 personnes tuées en moins, selon les chiffres officiels.
"C'est encourageant car nous voyons qu'il y une baisse progressive de la mortalité dans le pays. 119 tués de moins, ça ne s'était pas vu depuis quatre ans", a jugé sur BFMTV Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.
Effet d'annonce
"Lorsqu'il y a annonce d'une mesure crédible, il y a modification des comportements. Nous l'avions constaté avec la mise en place des premiers radars en 2002 et 2003", a expliqué cette grande partisane du 80 km/h.
Après l'annonce par Jacques Chirac de la mise en place de radars automatiques en juillet 2002, le nombre de morts sur les routes avait reculé avant même leur déploiement effectif en octobre 2003.
Opposé à la mesure, Pierre Chasseray, le délégué général de 40 millions d'automobilistes, récuse au contraire tout "effet 80 km/h". On ne sait pas si les vies sauvées l'ont été sur les routes concernées par la mesure", explique-t-il à l'AFP.
"Ce n'est rien d'autre que la baisse structurelle qu'on observe depuis un an", estime-t-il.
Après l'annonce début janvier de cette mesure, associations d'automobilistes, de motards, mais aussi des parlementaires et des élus locaux de tous bords se sont mobilisés, en vain pour le moment, pour tenter de faire reculer le gouvernement.
"L'objectif, ça n'est pas d'emmerder le monde. L'objectif, c'est de faire en sorte qu'il y ait moins de morts et moins de blessés graves", avait rétorqué fin juin le Premier ministre Edouard Philippe, en défendant une mesure qui ne fait pas l'unanimité au sein même du gouvernement et de la majorité.
Alimentant le débat, le nombre d'automobilistes flashés sur les routes concernées par la mesure a par ailleurs doublé en juillet par rapport au même mois l'année dernière, avait révélé le gouvernement fin juillet.
Selon le gouvernement, baisser la vitesse de 10 km/h permettra de sauver jusqu'à 400 vies par an, et ainsi d'inverser durablement la courbe de la mortalité routière qui, après avoir atteint un plus bas historique en 2013, avait connu un inquiétant rebond entre 2014 et 2016.
L'an dernier, les accidents de la route ont fait 3.684 morts et 76.840 blessés en France.
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