Moins d'un mois après les échanges d'amabilités pendant le sommet d'Helsinki entre Donald Trump et Vladimir Poutine, l'heure est de nouveau à la confrontation.
La Russie a d'ores et déjà averti qu'elle préparait une réplique à ces mesures punitives liées à l'empoisonnement début mars à Salisbury, au Royaume-Uni, de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia.
"Nous considérons comme absolument inacceptable l'annonce de nouvelles restrictions en lien avec l'affaire de Salisbury et les considérons comme illégales", a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. "Nous démentons encore une fois de la manière la plus catégorique toutes les déclarations sur une quelconque implication de la Russie".
M. Peskov a qualifié les Etats-Unis de "partenaire imprévisible", mais ajouté "garder l'espoir de relations constructives avec Washington": "Ces relations ne sont pas seulement dans les intérêts de nos deux peuples, mais aussi de la stabilité et de la sécurité dans le monde".
L'annonce de nouvelles sanctions a provoqué un coup de froid jeudi à l'ouverture des marchés financiers russes, les indices boursiers chutant et la monnaie russe tombant à son plus bas niveau en deux ans face au dollar, avant un retour au calme progressif en cours de journée.
Le ministre des Finances Anton Silouanov a assuré que le gouvernement et la banque centrale disposaient de "tous les instruments nécessaires pour garantir la stabilité financière", relevant que l'économie russe était devenue "ces dernières années bien plus résistante aux chocs extérieurs".
La Russie est soumise à des sanctions occidentales de plus en plus strictes depuis l'annexion de la Crimée en 2014, contribuant avec la chute des prix des hydrocarbures à provoquer deux ans de récession dont elle est sortie fin 2016.
Les Etats-Unis n'ont cessé de renforcer leur arsenal ces dernières années sur fond d'accusations d'ingérence russe dans les élections américaines, ce malgré les promesses de réconciliation de Donald Trump.
Menace d'une deuxième salve
L'empoisonnement confirmé de l'ex-agent double et de sa fille par leur exposition au Novitchok, un agent neurotoxique mis au point par l'Union soviétique à la fin de la Guerre froide, avait été attribué par Londres au gouvernement russe, qui avait nié toute implication et demandé des preuves.
Une Britannique de 44 ans, mère de trois enfants, est ensuite morte le 8 juillet après avoir été exposée à un poison contenu dans un flacon de parfum. La police britannique a établi qu'elle avait également été exposée au Novitchok.
Londres a salué les nouvelles mesures américaines comme "un message univoque à la Russie que son attitude impétueuse ne restera pas sans réponse".
A Moscou, le ministère des Affaires étrangères a accusé Washington d'avoir "sciemment choisi le chemin de la confrontation dans les relations bilatérales qui sont déjà pratiquement réduites à zéro par ses propres efforts".
Par la voix de sa porte-parole Maria Zakharova, il a averti qu'une riposte serait mise au point.
Les sanctions envisagées par Washington, qui portent sur l'exportation de certains produits technologiques, comme des appareils ou de l'équipement électroniques, pourraient coûter "des centaines de millions de dollars" à l'économie russe, a indiqué un responsable américain ayant requis l'anonymat.
En cas de non respect de ces exigences, une deuxième salve de sanctions "draconiennes" serait décrétée, a poursuivi ce responsable, notant qu'elles pourraient aller jusqu'à interdire les aéroports américains aux compagnies aériennes russes ou même suspendre les relations diplomatiques entre les deux pays.
La première vague ne devrait avoir qu'un effet "limité à modéré", mais "ces sanctions montrent que les milieux de la sécurité nationale américaine restent capables de faire avancer une politique de confrontation envers la Russie", ont commenté les experts de la société de conseil spécialisée dans les relations internationales Eurasia Group.
Dès mercredi, les marchés russes avaient chuté après des articles de la presse russe faisant état de la volonté de parlementaires américains de s'attaquer à la dette de l'Etat russe.
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