Moins d'un mois après les échanges d'amabilités du sommet d'Helsinki entre Donald Trump et Vladimir Poutine, l'heure est de nouveau à la confrontation. Et alors que la Russie commençait à s'inquiéter des initiatives de parlementaires américains prompts à vouloir la punir, l'attaque est venue de l'administration elle-même.
Le département d'Etat a expliqué avoir "déterminé (...) que le gouvernement russe avait utilisé des armes chimiques ou biologiques en violation des lois internationales" lors de l'empoisonnement début mars à Salisbury, au Royaume-Uni, de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, évènement déjà à l'origine d'une vague historique d'expulsions de diplomates entre Moscou et les Occidentaux au printemps.
Dès jeudi matin, les investisseurs ont réagi sans attendre en réduisant leurs mises sur les actifs russes. La monnaie russe est tombée à son plus bas niveau en près de deux ans face au dollar, qui a franchi le seuil des 66 roubles. L'euro a dépassé 77 roubles pour la première fois depuis avril dernier.
A la Bourse de Moscou, les indices piquaient du nez, le RTS perdant 2,3% et le Moex 0,70% vers 09H00 GMT.
Les sanctions envisagées, qui portent sur l'exportation de certains produits technologiques, comme des appareils ou de l'équipement électroniques, pourraient coûter "des centaines de millions de dollars" à l'économie russe, a indiqué un responsable américain ayant requis l'anonymat.
En cas de non respect de certaines exigences, comme la déclaration par la Russie qu'elle n'utilise plus d'armes chimiques ou biologiques, une deuxième salve de sanctions "draconiennes" serait décrétée, a poursuivi le haut responsable américain, notant qu'elles pourraient aller jusqu'à interdire les aéroports américains aux compagnies aériennes russes ou même suspendre les relations diplomatiques entre les deux pays.
Résultat pour la compagnie semi-publique Aeroflot: une chute d'environ 10% de sa valeur en Bourse en début de séance, qui s'est atténuée en cours de séance.
"Message univoque"
"Les sanctions en elles-mêmes ne sont pas destructrices mais elles vont porter un coup à l'appétit des investisseurs et saper la confiance pour les investissements en Russie", ont commenté les analystes de la banque russe Alfa.
"D'un autre côté, elles pourraient réduire la pression sur l'administration Trump pour soutenir les sanctions proposées par un groupe de sénateurs en lien avec l'interférence présumée dans les élections, qui prévoient des interdictions d'acheter de la dette souveraine russe, ce qui serait potentiellement bien plus dangereux", ont-il ajouté.
Dès mercredi, les marchés russes avaient accusé le coup après des articles de la presse russe faisant état de la volonté des parlementaires américains de s'attaquer à la dette de l'Etat russe. Une telle mesure constitue la grande crainte des investisseurs en Russie depuis l'introduction des premières sanctions contre Moscou après l'annexion de la Crimée en 2014.
L'économie russe est sortie fin 2016 de deux ans de récession due aux sanctions introduites en raison de la crise ukrainienne et à l'effondrement des prix des hydrocarbures, dont le pays est très dépendant.
Londres a salué les nouvelles mesures américaines: "Une réponse internationale forte à l'utilisation d'armes chimiques dans les rues de Salisbury envoie un message univoque à la Russie, que son attitude impétueuse ne restera pas sans réponse", a déclaré un porte-parole du gouvernement.
L'empoisonnement confirmé de l'ex-agent double et de sa fille par leur exposition au Novitchok, un agent neurotoxique mis au point par l'Union soviétique à la fin de la Guerre froide, avait été attribué par Londres au gouvernement russe, qui avait nié toute implication et demandé des preuves.
Une Britannique de 44 ans, mère de trois enfants, est ensuite morte le 8 juillet après avoir été exposée à un poison contenu dans un flacon de parfum.
La police britannique a établi qu'elle avait été exposée au Novitchok et le Royaume-Uni a demandé à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) de "déterminer de manière indépendante la nature" de la substance. L'enquête de l'OIAC se poursuit.
Dès mars, par solidarité avec les Britanniques, Washington avait expulsé 60 diplomates russes accusés d'être des "espions" et la Russie en avait aussitôt fait autant.
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