Rive gauche de Rouen (Seine-Maritime), non loin du jardin des plantes, le Hameau des Brouettes a repris vie depuis fin mai 2018, avec l'arrivée d'associations. Elles occupent l'ancienne résidence pour personnes âgées pour héberger des migrants, des sans-abri et tous ceux qui en ressentent le besoin. Ils sont 160 à avoir investi les lieux.
La nouvelle s'est répandue dans les couloirs : ils ont deux mois pour quitter les locaux. Le délibéré a été rendu ce mercredi 8 août 2018 par le tribunal de Rouen.
Il rejette la demande de la mairie, propriétaire des lieux, d'expulser immédiatement les occupants car "il n'y a pas de voie de fait, explique l'une des avocates du collectif La Garenne, Aurélie Sinoir, c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu d'effraction, en tout cas il n'y a pas de preuves, les personnes se comportent bien sur place, les voisins ne sont pas embêtés, tout se passe dans le calme".
Deux mois avant une possible intervention des forces de l'ordre
Le débat portait donc sur la demande de ses clients : avoir un délai supplémentaire aux deux mois minimum accordés par la loi pour partir. "J'avais plaidé entre trois et neuf mois de plus car c'est une situation particulière". Là aussi, la demande est rejetée.
Les occupants ont donc deux mois pour quitter les lieux d'eux-mêmes. Au-delà, la mairie pourra faire intervenir les forces de police.
La sécurité en question
Dans un communiqué, la municipalité rappelle que "L'ancienne résidence du Hameau-des-Brouettes est destinée à la vente dont la finalisation est imminente. Les conditions de sécurité ne permettent pas d'inscrire cette occupation dans la durée. C'est pourquoi, une procédure de libération des lieux a été engagée."
Pas digne de l'humanisme"
Sur place, les occupants sont partagés entre joie et déception.
"C'est toujours deux mois de gagnés et chaque jour de plus c'est du temps en plus, du temps vraiment important, du temps de vie", confie l'un des membres du collectif qui souhaite rester anonyme. Mais en même temps, deux mois, c'est le délai minimum que la justice pouvait donner, et de plus, "tant que personne ne prendra ses responsabilités au niveau de l'État, les occupations se feront. [...] On a appris à ne rien attendre des pouvoirs publics."
Colère et désappointement aussi chez les personnes logées au Hameau des Brouettes. Le bâtiment et l'action des associations sont "hyper importants", raconte Lamine Kourouma. Ici, cet homme qui a dû quitter la Guinée Conakry trouve un endroit "pour dormir, être tranquille et les associations apportent à manger".
Ce qui se profile pour lui s'il ne trouve pas une solution de relogement, c'est la rue. Alors pour lui, cette décision de donner un délai de deux mois pour quitter les lieux "n'est pas digne de l'humanisme".
Mi-figue mi-raisin"
"Mi-figue mi-raisin" aussi pour Maître Sinoir car elle s'interroge sur leur prochaine destination. La mairie a mis sur la table la réouverture du centre Colette-Yver, servant déjà d'hébergement d'urgence en hiver mais pour l'avocate, cette proposition n'est "pas satisfaisante", d'une part car les avocats affirment n'avoir rien reçu de concret, d'autre part, car "qui va y aller ? Les sans-papiers, les Français d'origine ? Les familles ? Les handicapés ? On ne sait pas."
Pourquoi l'avocate s'interroge-t-elle ? "Tout simplement parce qu'à Colette-Yver, de mémoire, 80-90 personnes peuvent y être hébergées. Là, ils sont 160."
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