Plus de 1.400 pompiers et militaires combattaient l'incendie dans la chaîne de montagne de Monchique qui progressait sur deux fronts, attisé par de violentes rafales de vent. Ils étaient appuyés par une douzaine de bombardiers d'eau et d'hélicoptères.
Dans l'après-midi, un énorme champignon de fumée s'élevait en direction de la ville de Silves, qui se trouve à une dizaine de kilomètres à peine du petit port de Portimao, très fréquentée par les touristes.
"Il ne faut pas avoir l'illusion que cet incendie va s'éteindre dans les prochaines heures", a déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse au siège de la Protection civile à Lisbonne. L'opération, a-t-il dit, "va se prolonger dans les prochains jours".
Le brasier "devrait certainement s'aggraver dans les prochaines heures", en raison notamment d'un "vent constant et fort", de la "hausse des températures" et d'un "taux d'humidité en baisse", a-t-il précisé.
"Notre prochaine grande fenêtre d'opportunité sera la nuit prochaine, l'aube et le début de matinée. C'est là que nous devrons concentrer nos efforts", a souligné le chef du gouvernement.
La région a déjà été durement touchée par les incendies. En 2003 un feu de forêt avait ravagé 41.000 hectares, tandis qu'en 2016, plus de 3.700 hectares étaient partis en fumée en dix jours.
"Cendres et suie"
Depuis qu'il a éclaté vendredi dernier, l'incendie a fait 32 blessés dont un grave et des centaines d'habitants et de vacanciers ont été évacués des alentours de Monchique, un bourg de 6.000 habitants à 164 kilomètres au sud de Lisbonne.
"Certains sont déjà rentrés chez eux", a indiqué Patricia Gaspar, porte-parole de la Protection civile, précisant que 180 personnes restaient déplacées.
Le feu, qui a déjà consumé plus de 21.000 hectares selon le Système européen d'information sur les incendies de forêt (EFFIS), était visible depuis la station spatiale internationale (ISS), comme le montrait une photo tweetée par l'astronaute allemand Alexander Gerst.
"Le ciel est plein d'un sorte de brume noire, faite de cendres et de suie", a déclaré à l'AFP Tony Sanders, un Britannique de 73 ans qui tient un petit bed-and-breakfast dans la station balnéaire de Carvoeiro, à 30 km au sud de Monchique.
"On sent cette odeur âcre de bois brûlé tout le temps et cela irrite la gorge", explique-t-il en s'inquiétant des braises portées par le vent "qui peuvent allumer un foyer à tout moment".
Le gouvernement avait pourtant déployé un dispositif important cette année dans tout le pays pour éviter la répétition des incendies dramatiques de 2017, qui ont fait 114 morts.
Des associations de pompiers ont dénoncé la "désorganisation" des secours, composées d'unité de l'armée, de pompiers venus des villes comme de pompiers forestiers aguerris.
"Nous sommes face à une opération d'une grande complexité avec un millier d'hommes déployés sur le terrain, il est possible que par moments les choses ne se déroulent pas comme on l'aurait souhaité", a reconnu la porte-parole de la Protection civile.
Eucalyptus inflammable
Les critiques portent également sur les plantations d'eucalyptus, une espèce très inflammable utilisée par l'industrie du papier et considérée comme un facteur majeur favorisant les feux de forêt.
Au Portugal, "il n'y a pas de gestion préventive du territoire" qui prenne en compte le risque des incendies, a expliqué à l'AFP Gil Martins, responsable du département protection civile de l'Institut supérieur de l'Education et des sciences. Et il y a "près de 690.000 hectares de forêt d'eucalyptus" qui ne sont pas entretenus, a-t-il ajouté.
Entretemps en Espagne, quelque 700 pompiers appuyés par 27 aéronefs luttaient mercredi contre un feu de forêt dans la région de Valence, qui se rapproche de la ville balnéaire de Gandia, et a déjà ravagé 2.900 hectares et obligé à déplacer quelque 3.000 personnes.
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