Au cours d'une longue allocution radio-télévisée, M. Maduro a présenté ce qu'il considère comme des "preuves" de la réalité d'une tentative d'assassinat contre lui.
Il a accusé l'ancien président du Parlement, l'opposant Julio Borges, actuellement en exil, d'être lié à l'attaque aux drones survenue samedi à Caracas pendant une cérémonie militaire.
Le président Maduro a dit s'appuyer sur des déclarations qui auraient été faites par des personnes, au nombre de six, arrêtées à la suite de l'incident.
"Toutes les déclarations pointent vers Julio Borges, qui vit dans une propriété à Bogota protégé par le gouvernement sortant de Colombie. Nous savons qu'il est assez lâche pour participer à ce genre d'événements", a affirmé M. Maduro.
Le président vénézuélien avait accusé dès samedi le président sortant colombien Juan Manuel Santos d'être derrière l'"attentat" contre lui. Une allégation rejetée catégoriquement par Bogota.
Une "farce"
Mis en cause par M. Maduro, Julio Borges lui a répondu directement sur Twitter. "Ni le pays ni le monde ne croient à ta farce de l'attentat", a-t-il écrit. "Nous savons tous que c'est un montage pour nous poursuivre et pour nous condamner, nous qui nous opposons à ta dictature".
Selon la version des autorités vénézuéliennes, une tentative d'assassinat a été menée contre M. Maduro avec deux drones chargés d'explosif. Sept militaires ont été blessés.
Outre M. Borges, M. Maduro a aussi accusé d'implication dans l'"attentat" un député de l'opposition vénézuélienne, Juan Requesens.
Dans un témoignage filmé sur une vidéo que M. Maduro a diffusée, les noms de MM. Borges et Requesens ont été mentionnés par un militaire en retraite qui est l'une des personnes arrêtées après l'incident de samedi.
La formation d'opposition à laquelle M. Requesens appartient, Primero Justicia, a annoncé que ce député et sa soeur avaient été arrêtés mardi par le service vénézuélien du renseignement, le Sebin.
"Le député Juan Requesens et sa soeur Rafaela ont été capturés et frappés par 14 hommes du Sebin", a déclaré Primero Justicia sur son compte Twitter.
Rafaela Requesens a été libérée par la suite, selon sa famille.
Sur Twitter, M. Borges a condamné l'arrestation du député. "Nous dénonçons devant le monde l'abus injustifiable" commis contre Juan Requesens, "dont on a violé l'immunité parlementaire et qui a été emprisonné", a-t-il écrit.
Parallèlement à l'allocution de M. Maduro, le président de l'Assemblée constituante, Diosdado Cabello, numéro deux du régime chaviste, a annoncé que cette assemblée discuterait dès mercredi de "la suppression de l'immunité parlementaire de ceux qui sont impliqués" dans l'"attentat" contre M. Maduro.
L'Assemblée constituante est composée uniquement de partisans du pouvoir et dispose de pouvoirs quasiment illimités. Le retrait de l'immunité parlementaire est le premier pas vers la traduction en justice de députés.
Peu après l'incident de samedi, M. Maduro, outre sa mise en cause du président sortant colombien, avait accusé des "financiers" non identifiés qui résideraient aux Etats-Unis et aussi "l'ultra-droite", se référant ainsi à l'opposition vénézuélienne.
Quelques heures avant les annonces faites mardi par le pouvoir, le Parlement vénézuélien, seule institution tenue par l'opposition, a réclamé l'ouverture d'une enquête impartiale sur l'affaire des drones.
"Aucune crédibilité"
Dans une déclaration lue dans l'hémicycle, les parlementaires ont appelé à une "enquête sérieuse, objective, impartiale et concluante qui fournirait des informations précises" sur ces faits.
"Malheureusement, un régime qui utilise la propagande et la désinformation comme méthodes systématiques n'a aucune crédibilité", a estimé le Parlement.
Les députés ont également dénoncé l'intention du gouvernement d'utiliser l'incident pour "renforcer la persécution politique" de l'opposition.
"Nous réaffirmons que la lutte politique des Vénézuéliens doit être orientée (...) vers l'obtention d'élections libres, réunissant toutes les conditions démocratiques sous observation internationale", a souligné le Parlement.
Commentant les faits survenus samedi, le Parlement a déclaré "rejeter les voies, violentes ou non, qui s'écartent des lignes directrices établies dans la Constitution".
Les députés ont confirmé "leur engagement en faveur de solutions politiques, institutionnelles et pacifiques à la crise actuelle". Ils tiennent le gouvernement et l'Assemblée constituante pour responsables de la violence au Venezuela.
L'Assemblée constituante avait avancé au 20 mai l'élection présidentielle normalement prévue pour décembre, qui a vu la réélection de Nicolas Maduro jusqu'en 2025. Le résultat du scrutin a été rejeté par l'opposition et par une grande partie de la communauté internationale qui le considère comme illégitime.
La crise politique se déroule alors que tous les voyants économiques au Venezuela sont au rouge vif. L'inflation pourrait atteindre 1.000.000% fin 2018, selon le Fonds monétaire international (FMI), et le PIB devrait s'effondrer de 18%. Les pénuries touchent les produits de première nécessité, notamment les médicaments et les produits alimentaires.
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