Cet avocat et ex-sénateur de 42 ans succède à l'impopulaire Juan Manuel Santos qui, après huit ans et deux mandats, laisse un pays en cours de réconciliation avec l'ex-guérilla Farc, mais où les plantations de coca, matière première de la cocaïne, sont au plus haut (209.000 hectares) et les défenseurs des droits humains victimes d'une vague d'assassinats.
"Je souhaite le meilleur à mon successeur @IvanDuque: tous les succès possibles, pour le bien de notre patrie", a tweeté le président sortant.
Malgré sa très récente carrière politique, Ivan Duque a été désigné par l'influent ex-président Alvaro Uribe (2002-10) pour permettre à la droite dure, opposée à l'accord de paix avec les ex-rebelles, de revenir au pouvoir.
"Uribe va avoir une influence importante et permanente sur le gouvernement", estime Javier Torres, professeur de l'université Externado à Bogota.
L'ombre d'Uribe
Mais l'affaire qui éclabousse l'ex-président pourrait affecter le nouveau gouvernement. Sénateur et chef du Centre démocratique, le parti d'Ivan Duque, M. Uribe est soupçonné d'avoir tenté de soudoyer des témoins contre un opposant politique, le sénateur de gauche Ivan Cepeda, dans un dossier qui remonte à 2012.
L'ex-président, qui clame son innocence, est convoqué le 3 septembre devant la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays, qui mène les investigations sur les parlementaires.
Autre dossier brûlant: les relations avec le voisin vénézuélien. Le président Nicolas Maduro, qui affirme avoir été visé samedi par un attentat commis avec deux drones chargés d'explosifs, a directement accusé son homologue colombien sortant.
"Absurde", a répondu Bogota.
A première vue, rien ne devrait s'arranger entre ces deux pays qui partagent 2.200 km de frontière. M. Duque a promis d'oeuvrer à "une stratégie articulée, multilatérale et diplomatique pour une transition vers des élections libres au Venezuela".
S'il "commence à répondre à chacune des déclarations de Nicolas Maduro (...) il va donner du grain à moudre en matière de propagande et de politique pour continuer à faire monter la tension, et devenir l'ennemi réel ou imaginaire du régime bolivarien", analyse l'expert en relations internationales Jairo Velasquez.
Sur le front intérieur, l'Armée de libération nationale (ELN), dernière guérilla du pays, attend de connaître les intentions de M. Duque concernant les négociations de paix menées depuis février 2017.
M. Santos, qui entendait parvenir à une "paix complète", a annoncé que son gouvernement et l'ELN n'avaient pas réussi à conclure un cessez-le-feu définitif.
Mais, soulignant que "le chemin parcouru est très significatif", le commandement de cette guérilla de quelque 1.500 combattants s'est dit prêt à poursuivre les discussions.
Autre accord de paix en jeu
Le nouveau président, partisan d'une ligne dure, a déjà fait connaître ses conditions qui, selon les analystes, ont peu de chances d'être acceptées par l'ELN: suspension de "toutes les activités criminelles" et concentration des troupes sous l'égide des institutions internationales.
"C'est assez difficile" que la guérilla se plie à ces dispositions, estime Camilo Echandia, expert du conflit armé.
Le nouveau chef d'Etat devra aussi faire face aux manifestations de l'opposition de gauche et centre gauche, avec en tête Gustavo Petro, son adversaire malheureux à la présidentielle.
La première a été convoquée dès mardi. Des opposants, dont d'ex-chefs guérilleros Farc, commençaient à se rassembler avant même la cérémonie d'investiture prévue dans l'après-midi.
"Que @IvanDuque n'ait aucun doute sur le fait que nous continuerons à défendre la paix comme le bien le plus précieux pour tous les Colombiens, la vie sous toutes ses formes et expressions, l'approfondissement de la démocratie, et les droits humains", a ainsi twitté l'ex-commandant Carlos Lozada, aujourd'hui sénateur.
"Cette marche est pour la vie, pour la paix", a déclaré à l'AFP Marcos Calarca, autre parlementaire du nouveau parti Farc.
Dix membres de l'ex-guérilla ont fait leur entrée au Parlement le 20 juillet sans avoir été élus, comme prévu par l'accord de paix de 2016.
M. Duque s'oppose à ce que d'anciens guérilleros accusés de crimes graves participent à la vie politique sans passer préalablement par la prison.
La Colombie est profondément divisée entre détracteurs et sympathisants du traité de paix avec les Farc.
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