A Bogota, le gouvernement colombien a qualifié d'"absurde" l'accusation portée contre le président Santos. "Il y a une autre (accusation) encore plus insolite: selon laquelle je serais de mèche avec le renseignement américain, avec la droite vénézuélienne, à ourdir des complots pour assassiner le président du Venezuela. Voyons !", a déclaré lundi ce dernier.
Peu après les faits, M. Maduro a mis en cause son homologue colombien, qui doit passer les rênes du pouvoir mardi à son successeur Ivan Duque (droite). "Je n'ai pas de doute que le nom de Juan Manuel Santos est derrière cet attentat", a-t-il assuré, évoquant aussi des "financiers" non identifiés qui résideraient aux Etats-Unis.
Il a également mis en cause "l'ultra-droite", se référant ainsi à l'opposition vénézuélienne.
Ses partisans ont prévu de défiler à la mi-journée jusqu'au palais présidentiel de Miraflores.
M. Maduro, qui affirme avoir réchappé samedi à un attentat mené avec des drones chargés d'explosif pendant une cérémonie militaire dans le centre de Caracas, est annoncé à l'arrivée du cortège, vers 17H00 GMT.
Par ailleurs, vers 15H00 GMT, le procureur général Tarek William Saab, considéré comme proche du gouvernement, doit donner des détails sur l'avancée de l'enquête, dont les noms des six personnes interpellées.
Un mystérieux groupe rebelle, baptisé "Mouvement national des soldats en chemise", jusque là inconnu, a revendiqué l'action dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux.
Rapidité de la réponse des forces de l'ordre, contradictions dans les déclarations des autorités et éventuelles manipulations : cette affaire soulève de nombreuses questions.
M. Maduro affirme régulièrement être la cible de complots en tous genres que ses services de sécurité parviendraient à déjouer.
"Ceux qui ont osé aller jusqu'à l'attentat personnel, qu'ils n'espèrent pas le pardon, nous les poursuivrons et nous les capturerons où qu'ils aillent se cacher, je le jure!", a lancé le président.
Les Etats-Unis, qui entretiennent des relations très tendues avec le Venezuela, ont aussi nié toute responsabilité dans les faits.
Le président entend "renforcer son récit selon lequel la crise est due à des acteurs extérieurs en Colombie ou aux Etats-Unis, mais difficile de dire si cette tactique va fonctionner", a jugé Michael Shifter, président du centre d'études Inter-American Dialogue.
Nicolas Maduro, habitué à prendre souvent la parole, ne s'est pas exprimé dimanche sur l'incident.
Le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez a fait part dimanche, de même que le haut commandement militaire, de son entier soutien au président Maduro.
L'armée vénézuélienne, qui dispose d'un grand pouvoir politique et économique, est considérée comme le principal soutien de M. Maduro, confronté par ailleurs à une très forte impopularité en raison du désastre économique dans lequel le Venezuela est plongé.
De son côté, l'opposition a exprimé son inquiétude devant la fermeté des avertissements des autorités après l'incident, craignant une nouvelle vague de répression. Selon les adversaires de Maduro, le pays compte 248 "prisonniers politique".
C'est une "tentative de criminaliser ceux qui s'opposent légitimement et démocratiquement et de renforcer la répression", a dénoncé la plateforme d'opposition du Frente Amplio.
L'incident est survenu dans un contexte social et politique tendu. Au Venezuela, tous les voyants économiques sont au rouge depuis des années. L'inflation pourrait atteindre 1.000.000% fin 2018, selon le Fonds monétaire international (FMI), alors que le PIB devrait s'effondrer de 18%.
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