Blagueur, chambreur: c'est l'image qu'a voulu renvoyer le sprinteur de 26 ans à son arrivée à Berlin. Est-ce une simple posture pour donner le change ou le signe d'une véritable métamorphose? Il faudra attendre l'issue de la course pour en avoir le coeur coeur net mais c'est au moins la preuve que le sociétaire du SCO Marseille a identifié le mal. Pour Vicaut, le mental c'est le nerf de la guerre.
Hormis une médaille d'argent aux "Europe" en 2012 sur la ligne droite, le natif de Bondy n'a jamais réellement brillé individuellement sur le plan international et s'est surtout montré incapable de faire fructifier son statut de co-détenteur du record d'Europe (9 sec 86 en 2015). La déconvenue emblématique de sa carrière reste celle de l'Euro en 2016 dans la capitale néerlandaise où il avait dû se contenter du bronze, incapable d'assumer son étiquette de favori. Une désillusion qui lui reste toujours en travers de la gorge.
"C'était nul"
"Cela m'a un peu traumatisé, j'ai pris une petite balle quand même. La semaine d'avant je fais 9 sec 88 et je finis à 10 sec 08, la honte. C'était nul les gars", lâche-t-il dans un grand sourire.
A entendre son entraîneur Dimitri Demonière, "Amsterdam a laissé des traces mais ça lui a servi d'expérience pour ne pas commettre les mêmes erreurs" et le technicien, qui a repris Vicaut sous son aile après les J0-2016 en remplaçant Guy Ontanon, a pris bien soin de tout modifier dans l'approche d'une grande compétition.
"Je ne veux pas que le poids du favori et de cet objectif lui pèse sur les épaules, explique Demonière. Je ne veux pas lui mettre de pression et qu'il y ait un changement dans son attitude. Il ne faut pas qu'il soit trop accablé par le poids du championnat. Le discours que je lui tiens, c'est qu'une course n'est jamais gagnée d'avance. Je ne veux pas qu'il y ait une place au doute. Je vois plus de sérénité dans sa posture par rapport à avant, j'espère que ce sera le plus qui lui permettra d'être encore meilleur sur la piste".
"Maturité et expérience"
"On sait qu'en championnat, il y a des paramètres que l'on ne maîtrise pas, il y a de l'inattendu mais on a fait en sorte de minimiser le décalage avec les meetings au maximum", poursuit l'entraîneur.
Vicaut assure de son côté être "détendu" et écarte toute "pression". "Il ne faut pas se prendre la tête", ajoute-t-il.
Voilà pour l'aspect psychologique. Mais le changement a aussi concerné le programme de cette saison 2018. "On a pris le parti d'espacer les compétitions et de cibler la préparation du Championnat d'Europe. D'où le choix de ne pas courir en compétition le dernier mois. Surtout qu'on a eu une alerte aux Championnats de France (pointe à l'adducteur droit, ndlr)", indique Demonière.
"J'ai beaucoup moins couru qu'avant, je m'écoute plus, je pense avoir pris en maturité et en expérience", acquiesce le finaliste olympique (Rio 2016) et mondial (Londres 2017), qui a débarqué à Berlin avec la première place du bilan européen (9 sec 91) à égalité avec Zharnel Hughes. Le Britannique sera justement le principal adversaire de Vicaut avec son compatriote Reece Prescod et le jeune Italien Filippo Tortu (20 ans), descendu pour la première fois sous les 10 sec le 22 juin (9 sec 99) en effaçant le vieux record national du légendaire Pietro Mennea (10 sec 01 en 1979). Une grosse densité qui ne va pas faciliter la tâche du Français. Mais avec lui, tout se joue dans la tête.
kn/dhe
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