Samedi à Tel-Aviv, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre cette loi votée le 19 juillet qu'ils jugent discriminatoire, mais cette protestation pourrait servir les intérêts politiques de celui qui dirige le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël.
La minorité druze, qui parle l'arabe et professe une foi issue d'un islam très hétérodoxe, est à l'origine de ce mouvement de contestation auquel se sont joints des dirigeants de l'opposition et d'ex-chefs de la sécurité.
Pour les minorités druze et arabe (les Arabes israéliens représentent 17,5 % de la population), la loi fait d'eux des citoyens de seconde zone.
Mais M. Netanyahu, chef du parti de droite Likoud et Premier ministre depuis au total 12 ans, a de nouveau défendu bec et ongle dimanche cette loi qu'il a portée afin de consolider le soutien de sa base et de saper ses concurrents de droite en vue des législatives, selon des analystes.
Le Premier ministre, soulignent-ils, est familier de cette tactique politique. En 2015, il avait déjà joué sur les peurs en mettant en garde contre les électeurs arabes "se rendant en masse aux urnes".
La législature actuelle prend fin fin 2019 mais des élections anticipées pourraient avoir lieu dès la fin de cette année, selon des médias.
"Netanyahu veut déjà essayer de dicter le ton pour les élections", alors même que la campagne électorale n'a pas été lancée, explique à l'AFP Anshel Pfeffer, journaliste du quotidien de gauche Haaretz et auteur de "Bibi: l'ère et la vie agitées de Benjamin Netanyahu".
Une loi "terrible"
M. Netanyahu gouverne aujourd'hui grâce à une courte majorité au Parlement formée de partis de droite et d'extrême droite.
D'après les sondages, la majorité des juifs israéliens soutiennent la loi mais s'interrogent sur ce qu'elle signifie pour l'avenir de la démocratie dans le pays.
Les druzes israéliens (130.000 personnes vivant principalement dans le nord d'Israël) qui effectuent leur service militaire obligatoire et servent dans l'armée et la police israélienne, contrairement aux Arabes israéliens, ont réussi, eux, à drainer un soutien populaire à leurs revendications.
La loi fait partie des lois fondamentales qui font office de Constitution en Israël.
"L'Etat d'Israël est l'état national du peuple juif. Israël est un état juif et démocratique", a martelé M. Netanyahu, soutenant que les "droits individuels" étaient déjà garantis par "de nombreuses lois".
Mais pour Amir Fuchs, du centre de réflexion Israel Democracy Institute, ce n'est pas tout à fait vrai: les lois fondamentales qualifient le pays de "juif et démocratique" mais il n'est pas fait référence à un droit à l'égalité spécifiquement, à part dans la "déclaration d'indépendance" de 1948.
Ce sont maintenant les juges qui vont interpréter la nouvelle loi, explique celui qui a participé aux discussions sur le texte en tant qu'expert invité. De nombreux recours ont déjà été déposés en justice contre la législation.
Même si Amir Fuchs considère qu'Israël est "l'Etat nation du peuple juif", il juge que la loi est dangereuse pour les minorités car elle ne mentionne pas l'égalité entre les citoyens. "C'est une loi terrible qui change la définition d'Israël".
Netanyahu persiste
La loi déclare que l'établissement de "localités juives relève de l'intérêt national", confère aux juifs le droit "unique" à l'autodétermination en Israël et proclame que l'hébreu est la seule langue officielle alors que l'arabe n'aura qu'un statut "spécial" qui n'a pas été défini.
M. Netanyahu a de nouveau expliqué les avantages selon lui de cette loi. Elle empêchera, a-t-il dit, "par exemple l'exploitation de la clause de regroupement familial, qui a permis à de nombreux, nombreux Palestiniens d'être absorbés par le pays". "Elle nous permettra aussi de bloquer l'entrée future des travailleurs immigrés".
Le Premier ministre a organisé plusieurs réunions avec des représentants druzes et leur a notamment proposé de voter une loi séparée sur leur statut. Il a en outre annoncé la formation d'un comité ministériel sur la question. Mais les dirigeants druzes maintiennent que la loi doit être amendée ou annulée.
La Knesset, le Parlement israélien, doit tenir une session extraordinaire le 8 août sur la loi à la demande de 52 députés d'opposition (sur un total de 120), selon lesquels les débats seront centrés sur "les atteintes aux valeurs d'égalité et de démocratie". Mais aucun vote n'est au programme.
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