Washington, tout en déplorant les violences qui ont fait six morts quand l'armée à tiré sur la foule mercredi à Harare, a "encouragé" vendredi "tous les responsables politiques à montrer de la magnanimité dans la victoire et de la courtoisie dans la défaite".
Les élections générales de lundi --incluant législatives et présidentielle-- étaient les premières après la fin du règne autocratique de Robert Mugabe, tombé en novembre à la suite d'un coup de force de l'armée après 37 ans au pouvoir, soit depuis l'indépendance du pays en 1980.
Emmerson Mnangagwa a défendu la légitimité de son élection --remportée avec 50,8% des voix--, assurant qu'elle avait été "libre, juste et crédible", évoquant même "un festival de liberté sans entraves".
L'élection de lundi marque "un nouveau départ" pour "construire un nouveau Zimbabwe pour tous", a encore déclaré le président élu de 75 ans, appelant à l'unité et tendant la main à son opposant, Nelson Chamisa, battu avec 44,3% des suffrages.
"Vous avez "un rôle crucial à jouer au Zimbabwe, maintenant et à l'avenir", lui a-t-il lancé au cours d'un point de presse vendredi au palais présidentiel.
Sans convaincre Nelson Chamila, jeune chef de l'opposition de 40 ans, qui avait revendiqué la victoire avant l'annonce des chiffres officiels. Il a crié vendredi au "trucage", estimant que "l'élection a été frauduleuse, illégale, illégitime".
"Nous avons gagné cette élection. Nous sommes prêts à former un gouvernement", a martelé Nelson Chamila, lors d'une conférence de presse retardée vendredi par une intervention policière.
Sa formation, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a annoncé qu'il allait saisir la justice.
Emmerson Mnangagwa, surnommé le "crocodile", a conforté son pouvoir en raflant lundi au législatives les deux tiers des sièges à l'assemblée nationale pour son parti, la Zanu-PF.
"C'est un nouveau Zimbabwe, nous sommes heureux", a réagi vendredi un informaticien, Tendai Mugadi, 32 ans. "La faible majorité (obtenue par Mnangagwa) montre simplement que c'était des élections libres et justes", a-t-il ajouté.
Ecrasé à Bulawayo
"Vous pouvez truquer les élections mais pas l'économie. (...) On verra comment ça se termine", affirmait, dépité, Doubt Bhunu, 40 ans.
Bulawayo, deuxième ville du Zimbabwe et bastion de l'opposition, a accueilli avec résignation l'annonce de la victoire du parti au pouvoir depuis 38 ans. Le leader de l'opposition, Nelson Chamisa, y a écrasé le président sortant, obtenant 145.000 voix contre 60.000 à son rival. Mais pas assez pour renverser la tendance nationale.
La ville garde aussi certainement en mémoire les années de répression sous le régime de Mugabe et notamment les tueries de populations de l'ethnie Ndébélés, majoritaires dans la région, par l'armée dans les années 1980. Mnangagwa a été accusé d'avoir participé à ces atrocités.
Vendredi, les habitants de la capitale se sont rendus à leur travail, la circulation était de nouveau dense et les magasins ouverts, contrastant avec la veille où le centre-ville avait été déserté sous la pression de militaires qui patrouillaient à pied.
Vingt-et-une personnes ont été arrêtées cette semaine dans le cadre des violences électorales et seront présentées devant la justice vendredi.
Mercredi, l'armée avait réprimé une manifestation de l'opposition qui dénonçait des fraudes. Six personnes ont été tuées.
Félicitations de Pretoria
Dans un communiqué, le chef de l'Etat sud-africain "Cyril Ramaphosa a félicité M. Mnangagwa pour son élection (...) et appelle tous les leaders politiques et le peuple du Zimbabwe à accepter le résultat".
Pour le cabinet d'experts EXX Africa, "malgré les violences et les accusations d'irrégularités dans le vote, le président Mnangagwa et le parti ont assuré un mandat qui aura une reconnaissance internationale".
Selon ce cabinet, la contestation devrait s'étioler même si "l'opposition tentera de rester sur la scène en organisant des manifestations".
Les Zimbabwéens s'étaient déplacés lundi dans le calme et en masse pour ces élections historiques qui devaient marquer un tournant dans l'histoire du pays.
Depuis son indépendance en 1980, le Zimbabwe n'a connu que deux présidents, tous les deux issus de la Zanu-PF: Robert Mugabe et Emmerson Mnangagwa.
Mais l'intervention mercredi à balle réelle de l'armée contre des manifestants de l'opposition a douché ces espoirs.
"La vitesse avec laquelle le parti au pouvoir a déployé des soldats dans la rue une fois le vote terminé montre bien comment Mnangagwa compte gouverner", a prédit le cabinet d'experts Verisk Maplecroft.
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